Prédicteurs de la présence comorbide des symptômes du trouble d’anxiété généralisée et de la Dépression chez les mères primipares en post-partum
Publication date
2019Author(s)
Lalande Charlebois,Stéphanie
Subject
TAGAbstract
La présence comorbide des symptômes du trouble d’anxiété généralisée (TAG) et de la Dépression post-partum, en plus d’être très fréquente, est associée à moins de périodes de rémission de symptômes, comparativement à la présence d’un seul des troubles (Prenoveau et al., 2013). Les auteurs en concluent que bien que la présence de ces deux problématiques demeure relativement stable dans le temps lorsqu’aucun traitement n’est entamé, leur présence concomitante est associée à un niveau encore plus élevé de chronicité des symptômes. Elle rendrait aussi les nouvelles mères plus à risque d’être confrontées à des difficultés postnatales. Les facteurs explicatifs de la présence simultanée et de la persistance de ces troubles en post-partum n’ont toutefois pas été étudiés. Dupuy et Ladouceur (2008) identifient trois facteurs pouvant expliquer la concomitance TAG-Dépression, bien qu’auprès d’une population générale, soit l’intolérance à l’incertitude (II), l’attitude négative face aux problèmes (ANP) et l’évitement cognitif (ÉC). Viau-Guay (2011) a aussi observé que ces trois facteurs prédisent l’intensité des inquiétudes durant la période postnatale. Cette thèse vise à vérifier, auprès de nouvelles mères en post-partum, les liens entre, d’une part, ces facteurs cognitifs (II, ANP et ÉC), le soutien social perçu (conjoint, famille et amis), des facteurs sociodémographiques et obstétriques et, d’autre part, la présence concomitante de symptômes TAG-dépressifs. Des mères ont été recrutées et évaluées à huit semaines et à six mois en post-partum. À l’aide de questionnaires diagnostiques, elles ont été divisées en quatre groupes, soit (1) celles qui présentent des symptômes TAG-dépressifs comorbides élevés, (2) les mères ayant des symptômes TAG élevés seulement, (3) celles
ayant des symptômes dépressifs élevés seulement et (4) les mères ayant une absence de symptômes TAG et dépressifs. D’une part, il était attendu que celles présentant des symptômes TAG et dépressifs élevés rapportent des niveaux plus élevés d’II, d’ANP et d’ÉC, de même que moins de soutien social perçu, que les autres groupes de mères. D’autre part, des résultats similaires étaient attendus chez les mères présentant un maintien des deux types de symptômes. Les résultats soutiennent le rôle de variables associées aux facteurs cognitifs, au soutien social perçu et aux consultations psychologiques passées, tels que l’II, la surestimation, le doute, l’évitement des incertitudes, l’ANP, l’ÉC, l’insatisfaction conjugale, le soutien perçu par la famille et les amis, l’isolement social et les consultations psychologiques passées, dans la présence de symptômes comorbides TAG-dépressifs élevés. De plus, les résultats montrent que les mères ayant un maintien des symptômes TAG-dépressifs éprouvent de la difficulté à tolérer les situations incertaines de façon générale, évitent les incertitudes, adoptent une attitude négative face aux problèmes, font de l’évitement cognitif et se sentent plus isolées que les mères ne maintenant pas leurs symptômes comorbides dans le temps. Il est possible que les mères ayant des symptômes TAG-dépressifs élevés présentent davantage d’II, d’ANP et d’ÉC en comparaison avec les autres groupes de mères étant donné leurs biais cognitifs plus rigides qui les amènent à évaluer subjectivement plus de danger, notamment en contexte de nouveauté associé à leur première expérience de maternité. Elles pourraient alors mobiliser des mécanismes cognitifs et comportementaux associés à l’II, l’ANP et l’ÉC pour tenter de diminuer leur inconfort. Cette étude présente plusieurs forces, telles qu’un grand échantillon de participantes, ce qui permet un plus grand potentiel de généralisation des résultats à l’ensemble des mères ainsi qu’avoir deux temps de mesure afin de tenir compte de l’évolution de leurs symptômes. Par ailleurs, bien que les symptômes TAG-dépressifs soient évalués à partir de questionnaires présentant de bonnes propriétés psychométriques, il est possible que certaines mères aient sous ou sur évaluées leurs symptômes TAG et dépressifs. Cette étude permet d’identifier des pistes à considérer pour comprendre la comorbidité TAG-Dépression postnatale et le maintien des symptômes. Ces informations aideront possiblement au développement de modèles explicatifs de ces problématiques en plus d’envisager des pistes de prévention et d’intervention.