Élaboration d'un test de stimulation douloureuse persistante permettant de mesurer les mécanismes endogènes de contrôle de la douleur
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Publication date
2010Author(s)
Pagé, Stéphanie
Subject
DouleurAbstract
La fibromyalgie (FM) est un syndrome caractérisé par la présence de douleurs chroniques sans aucune cause apparente. Cependant, certaines hypothèses ont été émises afin d'expliquer ces symptômes. Une de ces hypothèses suggère que les fibromyalgiques aient des mécanismes de contrôle de la douleur inefficaces. En effet, la douleur est un phénomène dynamique sous l'influence de plusieurs mécanismes endogènes de contrôle. L'un de ces mécanismes, les contrôles inhibiteurs diffus nociceptifs (CIDN) sont recrutés suite à une stimulation douloureuse de grande intensité et d'assez longue durée. Une fois que les CIDN sont activés, il y a une réduction de l'intensité des douleurs perçue sur l'ensemble du corps. Les principaux neurones qui sont affectés par cette inhibition sont les fibres C à conduction lente. Cependant, peu de tests cliniques permettent de mesurer l'effet des CIDN et l'analgésie produite par ceux-ci. L'objectif de la présente étude est d'élaborer un test permettant de mesurer l'activation des CIDN chez des sujets sains du groupe contrôle (n=13) et de l'appliquer à une population de fibromyalgiques (n=44). Méthode: Nous avons tout d'abord développé un test afin de mesurer l'activation des mécanismes endogènes de contrôle de la douleur et plus particulièrement les CIDN. L'intensité d'une douleur expérimentale, induite par une stimulation thermique d'une durée de deux minutes, est mesurée en continu par les sujets à l'aide d'une échelle visuelle analogique électronique (COVAS). Nous avons nommé cette procédure : le test de stimulation douloureuse persistante. Cette procédure est répétée, à la même intensité, avant et après le recrutement du système inhibiteur (CIDN). Pour recruter le système inhibiteur, nous utilisons l'immersion du bras opposé dans un bac d'eau froide appelé le Cold Pressure Test (CPT) à 7°C, 10°C ou 12°C pendant 2 minutes. L'activité des CIDN est mesurée en comparant les courbes de perception de la douleur provoquée par la stimulation thermique avant et après l'immersion (pourcentage de réduction de la douleur). Résultats : Lorsque nous comparons les courbes de perception de la douleur provoquée par la stimulation thermique avant et après l'immersion chez les sujets sains, nous observons des différences significatives de l'intensité de la douleur perçue (p < 0,01), avec moins de douleur après l'immersion (bain d'eau à 7°C). De plus, cette différence reste présente plusieurs secondes après le début de la stimulation, ce qui laisse croire à un effet spécifique sur les fibres C à conduction lente. De plus, on observe que l'intensité des CIDN est dose-dépendant de la température du bain d'eau lorsqu'on compare l'intensité des CIDN déclenchés par les bains d'eau à 7°C, 10°C et 12°C (p < 0,01). L'analyse de la différence entre les sexes démontre que les femmes ont évalué la procédure du bain d'eau significativement plus douloureuse (bain d'eau à 7°C, 10°C et 12°C) (p < 0,05) et ont besoin d'une température de thermode significativement inférieure pour atteindre 50% de douleur (p < 0,01). Cependant, malgré que les femmes semblent avoir des CIDN de moins grande intensité que les hommes, cette différence n'est pas significative. Lorsqu'on regarde chez les fibromyalgiques, il n'y a aucune réduction significative de la douleur après l'immersion du bras dans le bain d'eau (3%; p = 0,7) comparativement aux femmes saines qui démontrent une diminution significative de l'intensité de la douleur (35%) perçue après l'immersion (p < 0,05). Conclusion : Ces résultats démontrent clairement que les fibromyalgiques présentent une déficience au niveau de leurs mécanismes endogènes de contrôle de la douleur. Ainsi, cette étude pourrait contribuer à établir un traitement efficace contre cette condition en ciblant une des causes possibles de la FM.