Description des flux de cartouches d'impression et recommandations pour le Québec
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Publication date
2006Author(s)
Konate, Letenemeni
Subject
EnvironnementAbstract
La gestion des matières résiduelles demeure une préoccupation environnementale dans presque tous les pays. La conservation des ressources naturelles et de l'énergie est le défi environnemental le plus convoité dans la gestion des matières résiduelles parmi d'autres tels que la qualité de l'air, des eaux de surface et des eaux souterraines. C'est dans ce contexte que plusieurs matières résiduelles courantes comme les papiers, les cartons, les verres, les métaux et les plastiques ont pu bénéficier des systèmes de collecte, de recyclage ou de valorisation qui semblent aujourd'hui bien maîtrisés de façon générale aux États-Unis, en Europe et au Québec. D'autres matières comme les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) attirent de plus en plus l'attention des gouvernements et des entrepreneurs du secteur de l'environnement. Les cartouches d'impression sont conçues et fabriquées pour être utilisées seulement par les imprimantes, les photocopieurs et les télécopieurs desquels elles ne peuvent être dissociées. Par ailleurs, les cartouches d'impression laser sont les plus utilisées à grande échelle, dans les institutions, commerces et industries (ICI) pour leur usage diversifié (photocopieur, télécopieur, imprimantes), leur rapidité, leur grande capacité d'effectuer plusieurs copies par unité de temps comparativement aux cartouches d'impression à jet d'encre. De plus, la représentativité des cartouches d'impression laser dans la production des déchets, en terme de masse, semble plus grande que celle des cartouches d'impression à jet d'encre. C'est pour ces raisons que l'essai se limite aux cartouches d'impression laser en dressant un portrait des flux actuels et en relevant les opportunités d'amélioration de la gestion au Québec pour arriver à maîtriser les flux de cartouches d'impression, pérenniser les intérêts des intervenants dans ce domaine et faire bénéficier l'environnement. Les édifices à bureaux véhiculent l'image d'une absence de pollution du genre : pas de déchets toxiques, pas de fumées désagréables. Et pourtant, les bureaux produisent des déchets tels que le papier, les cartouches d'impression, des matériels électriques et électroniques en fin de vie, qui peuvent être en quantités considérables. La rapidité des progrès technologiques est telle que le matériel des technologies de l'information et de la communication devient rapidement accessible. Les ICI sont déjà bien dotés d'ordinateurs, d'imprimantes, de photocopieurs et de télécopieurs. Et considérant le nombre de ICI qui existent, les besoins de conservation des traces des services, les besoins de communication, il n'est pas très hasardeux de croire qu'il y a une forte consommation des cartouches d'impression. Réduire la quantité de déchets des cartouches d'impression est d'autant plus un défi puisqu'elles sont constituées de plusieurs petites pièces métalliques et en plastiques qui mettent près de 1000 ans à se dégrader dans un site d'enfouissement. Même usagées, elles contiennent des résidus d'encre en poudre pulvérulente et composée de suie, d'oxyde ferrique et de polymères thermoplastiques ou de résines. Libérée, la poudre peut avoir un effet irritant pour le système respiratoire, avec des conséquences plus sévères pour les personnes à risque (asthme, bronchites) sans compter le risque de contamination des eaux de surfaces et des eaux souterraines si elles sont enfouies. La mise au rebut des cartouches d'impression représente surtout un gaspillage de ressources, étant donné que la plupart de leurs composantes demeurent en parfait état à la fin de la durée prévue de leur existence. Ils présentent donc un grand potentiel de mise en valeur. Aussi, la demande croissante vis-à-vis des produits à contenu recyclé favorise le développement et le maintien de nouveaux débouchés pour les résidus valorisables. Aux États-Unis, la première intention des textes relatifs aux cartouches d'impression est de développer le marché des matières recyclables en vue de réduire la quantité de déchets à éliminer. En France, tout comme dans plusieurs autres pays européens, il est clair que les textes visent à partager les responsabilités ou les efforts pour l'élimination des déchets relatifs aux cartouches d'impression avec le souci de protéger l'environnement. Les actions comme la labellisation des cartouches d'impression sont menées également en amont c'est-à-dire depuis la conception des cartouches et durant toutes les autres phases avant qu'elles soient mises au rebut, pour s'assurer de cette protection de l'environnement. Au Canada, sur le plan fédéral, les cartouches d'impression sont visées seulement par la Directive concernant les cartouches d'impression dites remises à neuf dans le cadre du programme Choix Environnemental. Le programme Choix Environnemental est un programme canadien d'étiquetage écologique mis en place en 1988 par Environnement Canada pour aider les consommateurs à prendre des décisions éclairées du point de vue de l'environnement et pour encourager le secteur commercial à mettre au point des produits moins nuisibles à l'environnement. La volonté d'anticiper les exigences réglementaires ou les politiques des gouvernements concernant les DEEE en Europe et aux États-Unis a emmené les constructeurs à mettre en place des programmes de retour de leurs produits usagés pour leur recyclage ou une quelconque mise en valeur. Certains plastiques issus du processus de retour sont reconstitués afin d'être réutilisés dans la fabrication d'autres produits comme les tuiles. Plusieurs collectivités, associations, organisations non gouvernementales ou même parfois des constructeurs d'imprimantes, de photocopieurs et de télécopieurs mettent en œuvre la collecte de cartouche d'impression pour financer des actions sociales ou humanitaires à côté de leur contribution à la sauvegarde de l'environnement. Depuis deux décennies, le volume de déchets associé aux cartouches d'impression augmente exponentiellement. Cette croissance combinée avec le déclin de la méthode de remplissage qui était l'une des premières façons d'allonger la vie des cartouches d'impression, a conduit à la naissance de l'industrie du réusinage des cartouches d'impression inspirée du concept développé dans les années 30 par Henry Ford pour le réusinage des moteurs d'automobiles. La méthode du réusinage consiste au démontage puis au remplacement des composants usés par des pièces neuves afin d'améliorer les performances de la cartouche en termes de longévité et de qualité d'impression. Le marché de l'industrie liée aux cartouches d'impression réusinées est en pleine croissance et est très compétitif. Les cartouches réusinées sont dans la mire des achats des consommateurs qui veulent rendre leurs gestes écologiques. Elles sont tout aussi attrayantes du fait qu'elles coûtent 30 % à 60 % moins chers que les cartouches neuves. En outre, les récentes imprimantes sont de plus en plus capables de fonctionner avec les cartouches réusinées ou des cartouches de marques différentes. La cartouche réusinée se place comme une véritable alternative pour les entreprises soucieuses de maîtriser leur coût de fonctionnement sans faire de concession à la qualité. Cependant, le secteur n'est pas exempt de difficultés. Sa dépendance des constructeurs de cartouches neuves dont il est aussi concurrent, entraîne parfois des conflits. Le secteur doit se doter également d'une veille en recherche et développement approfondie pour se mettre au diapason de l'évolution de la technologie et des subtilités des constructeurs des imprimantes, des photocopieurs et des télécopieurs. Il y a aussi le délai de retour des cartouches usagées qui constitue un problème pour la filière de recyclage. Au Québec, il existe un bon cadre de gestion des matières résiduelles en général. Les expériences heureuses des filières de récupération, de recyclage et de valorisation des pneus et des peintures illustrent l'importance d'une législation concise et précise sur une catégorie de déchets donnée. De plus, avec l'existence du répertoire des récupérateurs et recycleurs de cartouches d'impression, l'existence de la filière de concertation sur les déchets des technologies de l'information et de la communication, le Québec devrait déterminer avec plus de précision le portrait des flux de cartouches d'impression et s'assurer de la réelle contribution au développement durable des programmes de recyclage existants.