villes portuaires, fleuves et hinterlands entre Seine et Elbe

Dans le cadre de cette publication, les relations entre les ports, les fleuves et leur hinterland, qu’il soit urbain ou périurbain sont évoquées selon de nouvelles approches originales. La démarche choisie conduit à européaniser les problématiques étudiées afin de mettre en exergue les convergences et divergences permettant de mieux comprendre, non pas l’uniformité, mais bien les traits communs à ce qui constitue le jeu complexe de la compétition/coopération. Une dialectique qui peut aussi se transformer en collaboration entre ces épicentres de la vie économique que sont les ports. La longue perspective (depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours) et la division en plusieurs thématiques couvrant l’histoire économique, sociale, politique et culturelle ont constitué les fondements de l’approche méthodologique comparatiste développée dans un projet VILPORT qui a été soutenu par la Commission européenne et par l’Action Jean Monnet (activités d’information et de recherche) plus particulièrement et cette publication qui clôture la première étape de cette recherche collective. L’approche se veut interdisciplinaire en combinant les cas d’études et les monographies à des recherches plus macro portant sur les espaces et territoires étudiés. Une histoire globale pourrait d’ailleurs constituer une prochaine étape de développement de cet objet d’étude. Notons que l’espace de référence qui est au cœur de cet ouvrage est la Rangée Nord, qui désigne traditionnellement l’ensemble des établissements portuaires depuis Le Havre jusqu’à Hambourg. Posant des problèmes spécifiques de gouvernance à la fois politique, économique et sociale, les ports visés – du Havre à Hambourg en passant par Anvers, Amsterdam, Rotterdam, Londres et Brême – se relations de diverses natures et qu’il est essentiel de prendre en compte dans le gouvernement du maillage que représentent les hinterlands. S’il existe une importante littérature consacrée aux villes portuaires et aux fleuves envisagés au cas par cas, les travaux dédiés à une lecture comparatiste, voire transnationale, sont rares, voire exceptionnels. La littérature scientifique visant une approche de ce type est pour ainsi dire muette sur le sujet. Or, des questions comme celles du brassage culturel ou bien de la contrefaçon et de la contrebande, auxquelles les ports et leurs hinterlands sont souvent confrontés, permettraient de rendre compte à la fois de la complexité et de l’intérêt de ces échelles d’analyse. De même, sauf pour des périodes anciennes, il n’existe guère de travaux consacrés aux hinterlands et aux espaces qu’ils constituent. Il reste donc un vaste chantier tout juste effleuré par nos initiatives. Trois manifestations ont été organisées dans le cadre du projet VILPORT pour essayer de déchiffrer davantage ce terrain encore relativement vierge. La première s’est tenue à l’Université de Lille III, avec une forte participation d’étudiants de cette université, et avait pour thème : « Développement et organisation de l’espace entre la Seine, la Tamise et l’Elbe ». L’évolution des flux et des réseaux, le rôle d’acteurs comme les chambres de commerce et la dimension des espaces vécus, politiques et culturels au XXe siècle dans l’espace de l’Europe du Nord-Ouest ont été abordés. Des acteurs issus du milieu consulaire, des syndicats et des institutions publiques ont participé au débat. Un symposium organisé à Londres au sein de l’University College of London en mai 2013 a permis de mettre en évidence les aspects culturels de l’objet d’étude. Enfin, une conférence finale qui s’est tenue au Museum aan stroom à Anvers, un port de référence à l’échelle européenne et mondiale, a complété les échanges et les débats en s’appuyant sur plusieurs communications mettant en exergue des champs géographiques divers (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique) et des approches disciplinaires plurielles (histoire, littérature comparée, économie…). L’intervention de praticiens de la mémoire portuaire, et en particulier de cadres du Museum aan stroom, mais aussi de décideurs politiques, économiques et sociaux qui baignent eux-mêmes dans une culture fondatrice de la très forte identité portuaire qu’ils incarnent a enrichi le dialogue.