De l’animal vivant à la relique. Attirer la fortune en Mongolie

L’image dont je vais vous parler fait partie d’un rituel de consécration d’animaux. Lorsqu’un animal vivant ne peut être consacré, une image consacrée d’un animal est effectuée. Comme le titre l’indique, il m’est impossible d’aborder ce rituel sans prendre en considération un dispositif conceptuel concernant l’idée de « fortune » qui me semble dévoiler une attitude singulière envers l’environnement naturel que je qualifierai d’analogique en reprenant la terminologie de P. Descola. L'hypothèse principale est que le rituel de consécration lie des entités ontologiquement distinctes tant sur le plan de la physicalité que de l’intériorité en produisant un vecteur de fortune, de chance, orienté vers le propriétaire de l’animal consacré ou de l'image consacrée d’un animal. Afin d’appuyer cette hypothèse il me faudra considérer l’animal consacré et l’image consacrée non pas comme des symboles devant être déchiffrés à la manière d’un texte qui serait lu mais plutôt comme des « agents » actualisant selon C. Severi des systèmes d’actions et de relations. Je tenterai enfin de montrer que l’image, plus que l’animal, crée dans le point de vue du spectateur, de celui qui la voit, une vision du propriétaire perçu comme méritant, vertueux, selon une idéologie bouddhiste fragmentaire.