Devresse, Marie-Sophie
[UCL]
La politique criminelle et le fonctionnement de la justice pénale belges connaissent d'importants changements depuis le début des années 1990. Parmi ces changements, on observe notamment l'apparition ou la redécouverte de procédures pénales dites " alternatives " ou " négociées ", emblématiques d'une nouvelle conception " horizontale " de la répression ou de la prévention. En même temps, se développent dans ce même champ sécuritaire et pénal de nouveaux procédés de gestion de l'usage de drogues qui donnent lieu à leur tour, sur le terrain, à un ensemble d'adaptations et de projets ayant pour effet de propulser la catégorie " usagers de drogues " à l'avant-scène des préoccupations politiques. L'avènement conjoint de ces politiques publiques s'inscrit en outre dans un contexte plus vaste de transformations sociales où s'opèrent d'importantes avancées technologiques dont on mesure déjà les effets sur le fonctionnement de l'institution pénale elle-même (prévention situationnelle par vidéosurveillance, nouvelle administration de la preuve grâce à l'ADN, exécution des peines surveillées par électronique etc.). Les questions posées par la thèse visent à comprendre comment les acteurs de la justice pénale articulent concrètement ces diverses avancées concernant l'introduction de la négociation dans la procédure pénale et la technicisation du contrôle, cela dans le domaine particulier de la gestion de l'infraction d'usage-détention de drogues. En effet, les usagers de drogues se voient de plus en plus proposer des mesures alternatives aux sanctions pénales traditionnelles, en même temps que, par l'entremise des uranalyses, ils sont régulièrement " techniquement " testés à propos de leur consommation de stupéfiants. La coexistence de procédures alternatives fondées sur le paradigme de la négociation avec la technologie de contrôle pose question, dans la mesure où il semble que les objectifs poursuivis par ces deux dispositifs sont relativement antinomiques : meilleure prise en compte de la singularité du sujet-justiciable d'un côté, objectivation de son comportement de l'autre. Par le biais d'une recherche empirique (observations directes et entretiens) relative aux pratiques policières et " parquetières ", de même que par une approche de l'expérience de la justice pénale telle qu'elle est vécue par les usagers de drogues, la thèse aboutit à un ensemble de réflexions sur les transformations contemporaines de la justice pénale.
Bibliographic reference |
Devresse, Marie-Sophie. Usagers de drogues et nouvelles procédures pénales, constructions institutionnelles et expériences singulières. Prom. : Kaminski, Dan ; Digneffe, Françoise |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/158030 |