de Hasque, Jean-frédéric
[UCL]
Ma communication parlera de fascination et de soumission dans un contexte qui n’est pas immédiatement religieux mais qui en emprunte certains codes (la création d’une communauté et l’usage de rite, e.a.) et où circulent des pouvoirs surnaturels (Bierschenk, 2014), où «la chose» est présente (Tonda, 2005). Le phénomène religieux s’est invité dans mon analyse socio-politique de l’élite en Afrique de l'ouest à partir du moment où il m’a semblé évident qu’une partie du pouvoir au sein du cercle d’initiés se distillait de manière mystique et invisible. Cette «évidence» s’est peu à peu construite grâce à l’observation que j’effectue à la caméra au sein de l’association des Lions Club. Lorsqu’au cours de réunions parfois même dans la sphère familiale, la pratique des règles (hymne, réunion, bureaucratie cérémoniale) et l’usage fréquent des codes du pouvoir de l’Etat (uniforme médaille, protocole digne des ambassadeurs) suscitaient à la fois crainte et fascination. Les uniformes et les réunions médiatisées génèrent l’idée d’une puissance secrète et invisible tout en étant les parties visibles des actes de l'association. C’est à partir de ces matériaux empiriques que je discuterai du pouvoir invisible et magique des membres du Lions Club. Les corps, les gestes, les sons très ritualisés qui constituent le décorum sont en somme les traces visibles de la crainte ou de la fascination, dans cette perspective filmer permet une récolte de données du «sensible». Filmer permet d’une part de comprendre mais aussi de ressentir comment la «magie opère», puisque comme Peter Geschiere me l’a un jour signalé «le pouvoir sorcier n’est pas visible, donc pas filmable». Par contre en filmant la réception de gestes invisibles sur les corps, les visages l’on peut ressentir ce non-visible. L’emploi des images permet aussi de faire ressentir l’univers dans lequel se meuvent les membres du Lions Club, lorsque le décorum n’est plus lié au rite ou à la réunion proprement dite mais que les uniformes et les hommes qui les portent se déplacent dans l’espace public. En décortiquant et interprétant une séquence filmée je montrerai comment l’usage des marques du pouvoir, des rites se muent en fascination, émulation auprès du membre qui se voit transporter dans un deuxième monde, celui des siens, où il ne réfléchit plus autrement qu’a travers des règles partagées par des semblables.
Bibliographic reference |
de Hasque, Jean-frédéric. Montrer l’invisible en filmant les marques sur les corps et les gestes ritualisés.Le Lions Club : une liturgie politique..33e Conférence de la SISR Société Internationale des Sciences Religieuses (Louvain La Neuve, du 02/07/2015 au 05/07/2015). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/172698 |