Stillemans, Jean
[UCL]
Les sociétés dites théocratiques offrent des cas opportuns pour considérer la question des artefacts au dehors des emprises utilitariste et techniciste. Non tant que leur éloignement favorise un regard dégagé des brumes de notre temps. Mais en ceci que l’ensemble social et ses productions s’y trouvent massivement mobilisés par les services d’une classe despotique réputée bénéficier d’une ascendance divine. Les artefacts ne sont là guère prisonniers d’un usage prosaïque, mais les représentants éminents d’un ordre à la fois social, cosmique et religieux. Le foisonnement des artefacts et des protocoles rituels a atteint dans ces sociétés une ampleur qui ne peut être versée au seul compte de la raison utilitaire. Au point, parfois, d’emporter toute rationalité économique : l’hypothèse demeure ouverte de savoir si certaines cultures, entre autres en Méso-Amérique ou dans les Andes, n’auraient pas péri à force d’épuiser l’ensemble des ressources humaines et matérielles par l’hommage constant rendu aux sphères sacrées, au détriment des capacités reproductives de la collectivité (biens matériels et vies humaines) ; cas extrêmes de la "part maudite", dont parlait Georges Bataille ; sociétés avalées par le trou noir de la pulsion de mort (cf Sigmund Freud).
Bibliographic reference |
Stillemans, Jean. Les écrits d'architecture dans les sociétés sans écritures | Les cas des sociétés andines préhispaniques.Traités et autres écrits d'architecture (CIVA (Centre d'Information pour la Ville, l'Architecture et le Paysage) - Bruxelles, du 31/01/2019 au 01/02/2019). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/218927 |