Roland, Lee Christopher
[UCL]
Il y a derrière la notion d’échelle l’idée d’une mise en rapport. Celle-ci peut tantôt prendre la forme d’une filiation, tantôt celle d’une suite hiérarchique. Cette mise en rapport renvoie cependant nécessairement à un ou plusieurs référents qui interviennent de manière plus ou moins importante dans l’observation et l’identification d’un phénomène. Il faut dès lors que préexiste à la notion d’échelle un cadre conceptuel communément admis définissant ces référents. Tout rapport d’échelle constitue en effet une perception partielle de la réalité (et, qui plus est, humaine) qu’il est nécessaire de mesurer. Gardons-nous par conséquent d’accorder à certaines échelles un caractère absolu et/ou universel : l’observation change selon l’échelle et, dans ce contexte, la dimension relative du cadre de référence qu’elle constitue ne doit pas être négligée.
Ceci ne veut pas dire que la notion est dénuée de toute valeur objective, mais bien que cette valeur repose sur une définition au préalable des enjeux conceptuels que l’on associe au phénomène étudié. En matière d’espace et de spatialité, l’échelle doit donc être vue avant tout comme un mode d’évaluation des relations installées entre plusieurs entités spatialisées, et non comme un référentiel univoque.
Nous tentons de traduire cette valeur du rapport d’échelle comme outil d’évaluation et les risques liés à sa mésinterprétation à travers un cas d’étude : le champ urbain bruxellois. Dans ce cadre, nous subsumons la notion d’échelle à l’idée d’épaisseur afin de mieux rendre compte du caractère irréductible des réalités territoriales étudiées par rapport à une série d’entités abstraites telles que les circonscriptions administratives ou les catégories conceptuelles installées par la discipline urbanistique (urbain / non urbain, naturel / artificiel).
Sur le plan opérationnel, l’évaluation de l’épaisseur des phénomènes liés au champ urbain considéré repose sur deux axes d’investigation complémentaires : la profondeur historique de ces phénomènes et leur étendue spatiale. Ainsi, dans un premier temps, nous nous intéressons à la genèse du tissu urbain et nous tentons de voir comment celle-ci peut intervenir dans la compréhension des morphologies urbaines actuelles. Et dans un second temps, nous mettons en évidence les différents cadres spatiaux qui participent à l’intégrité du système urbain. Dans ce contexte, nous faisons régulièrement référence aux définitions de l’agglomération urbaine bruxelloise données par E. Van Hecke et al. (2007) et par C. Dessouroux (2008), définitions dont nous interrogeons la capacité à faire référent étant donné le regard partial qu’elles portent sur les réalités territoriales étudiées. Au final, ceci nous amène à focaliser sur le rôle des cadres d’action (notamment ceux mis en place en urbanisme et en aménagement du territoire) dans la compréhension des phénomènes observés. Plus particulièrement, il s’agit d’affirmer qu’il n’y a pas d’échelle sans cadre : l’échelle à laquelle on appréhende un phénomène dépend du cadre ; ce dernier détermine l'identification du type, du nombre et de l’étendue des filiations relatives au phénomène considéré.
Bibliographic reference |
Roland, Lee Christopher. Projets urbains, quels référents territoriaux ?.Séminaire IRIB élargi "Échelles et développement territorial" (Brussels (BE), du 29/11/2010 au 13/12/2010). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/73700 |