Contribution à l’étude de la bienfaisance dans le Sud-Luxembourg à la fin de l’Ancien Régime : le rôle primordial de l’abbaye d’Orval

En cette fin d’Ancien Régime, loin des structures urbaines de bienfaisance (hôpitaux, tables des pauvres), les habitants du Sud-luxembourg doivent faire face, tant bien que mal, à une situation toujours précaire. Dans ce contexte, l’Eglise joue un rôle primordial : les curés mais surtout l’abbaye d’Orval sont fréquemment sollicités. Pauvres et malades trouvent à Orval, seule abbaye de la région, le secours dont ils ont besoin. L’analyse des déclarations des biens du clergé de 1786-1787 et celle des comptes de l’abbaye qui nous sont parvenus se révèlent à ce propos particulièrement éclairantes. Les budgets importants annuels consacrés à l’hospitalité, aux soins médicaux dispensés, aux aumônes ordinaires ou extraordinaires distribuées tant en nature (pains, grains, fournitures) qu’en numéraire peuvent être mis en évidence. De plus, dans la limite des sources, une typologie des bénéficiaires de ces dons peut être proposée : indigents laïcs anonymes (« pauvre honteux », « pauvre infirme », « pauvre veuve »…), parents de religieux d’Orval dans le besoin, ecclésiastiques ou congrégations religieuses. On l’imagine aisément, la disparition de l’abbaye d’Orval au moment de la Révolution française aura de lourdes conséquences pour les habitants de cette région.