Hiernaux, Robin
[UCL]
Nsabimana, André
[UCL]
Le Crowdfunding est un mode de financement de plus en plus en vue auprès des investisseurs. Son développement s’explique en partie par la difficulté qu’ont les jeunes entreprises à récolter des fonds, à convaincre des investisseurs plus traditionnels de financer leurs projets. La crise économique mondiale de 2008 a, en plus de cela, été particulièrement dure pour les petites et moyennes entreprises et explique la frilosité des banques. Un autre phénomène encourage le développement du Crowdfunding : l’Internet et les réseaux sociaux. Leur omniprésence explique aussi en grande partie l’engouement pour le financement participatif. Les produits financiers proposés par le Crowdfunding sont très proches de ceux proposés par les acteurs traditionnels du monde bancaire. Quelle est la relation entre ces deux modes de financement ? Les banques ont-elles un intérêt à inscrire le financement participatif dans leur stratégie et à encourager son développement ? Nous tentons de répondre à ces questions dans ce mémoire divisé en deux parties distinctes : une partie théorique qui aborde la littérature relative au Crowdfunding et qui nous présente son état actuel, et une partie pratique où nous menons une étude qualitative auprès de 3 acteurs majeurs du secteur bancaire en Belgique afin de récolter des données. Nous utilisons ces données pour discuter d’hypothèses et répondre ensuite à notre problématique. Le Crowdfunding apparait peu avant les années 2000 à l’attention des projets culturels et artistiques. Les plateformes majeures, elles, ne voient le jour que vers 2008 et 2009. On distingue depuis lors deux types : Le Crowdfunding financier et le Crowdfunding non-financier. La croissance des montants levés chaque année par le Crowdfunding est importante et son développement s’accélère de plus en plus. En Belgique, il semble un peu à la traîne par rapport à ses pays voisins. On note toutefois que de nombreuses nouvelles législations sont en vigueur, et principalement l’arrivée du Tax Shelter qui permet une déduction fiscale à l’investissement dans le Crowdfunding. Cela contribue à favoriser l’implémentation de ce type de financement. Le Crowdfunding comporte aussi des risques. Ils existent aussi bien pour l’entrepreneur que pour l’investisseur. On parle majoritairement de risques de crédits ou financiers, de risques de liquidités ou de défaut de plateformes. Pour les entrepreneurs on note aussi un risque légal et un risque lié à l’asymétrie de l’information pour les investisseurs. Le renforcement de la législation a pour but de mitiger ces risques. Néanmoins, il convient de les garder à l’esprit et pour les plateformes, de les rappeler aux « prêteurs » et aux « emprunteurs ». La revue de littérature nous présente deux vues distinctes de la relation entre les banques et les plateformes de Crowdfunding. D’une part on évoque une complémentarité : l’offre proposée est différente, la clientèle aussi. Le financement participatif propose en plus une diversification du portefeuille de l’investisseur. D’autre part, on parle d’une rupture entre ces deux mondes : le Crowdfunding est un élément disruptif de la finance traditionnelle et qui propose des produits plus accessibles et plus intéressants. Malgré l’absence de consensus, des banques ont commencé à se rapprocher du financement participatif. La deuxième partie du mémoire repose sur l’analyse d’entretiens effectués auprès de 3 banques en Belgique. Les acteurs rencontrés, leurs expériences, les sujets abordés ainsi que les données récoltées ont permis d’élargir le champ de notre recherche en approfondissant 4 thèmes : la pérennité potentielle du Crowdfunding, la relation de concurrence ou de complémentarité entre les banques et le Crowdfunding, leur intérêt mutuel à collaborer et la réaction des banques à ce phénomène Il ressort de l’analyse que les banques voient le Crowdfunding comme un acteur important du financement dans les prochaines années. De plus, elles ne le considèrent pas comme un concurrent mais clairement comme une offre totalement complémentaire avec les services qu’elles proposent. Cela va même plus loin, car le monde bancaire est convaincu qu’une collaboration « win-win » est possible. Les banques ont d’ailleurs déjà commencé à établir des partenariats ou à créer et gérer eux-mêmes leurs plateformes de Crowdfunding. En ce sens, elles peuvent aussi encourager le développement du financement participatif. Quelques pistes de réflexions futures émergent aussi de l’analyse : pourquoi certaines banques restent-elles inactives face à ce nouveau venu ? Le Crowdfunding va-t-il perdre son statut alternatif ? Comment va-évoluer le monde bancaire à l’avenir ? En conclusion, le financement participatif possède l’environnement et les caractéristiques pour s’épanouir en Belgique. De plus, les banques y voient une opportunité et commencent à l’inclure dans leur stratégie. Il s’agit d’une étape importante pour le Crowdfunding.
Bibliographic reference |
Hiernaux, Robin. Plateformes de Crowdfunding et monde bancaire: les prémices d'une collaboration ?. Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2017. Prom. : Nsabimana, André. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:10274 |