Au-delà des stéréotypes de genre, comment comprendre et interpréter le parcours des jeunes femmes radicalisées dans les sociétés occidentales, de leur conversion religieuse à leur engagement jihadiste au sein de l’Etat islamique? Une analyse de plusieurs récits de vie.

Cette étude a été confectionnée dans l’optique de comprendre le parcours radical des jeunes femmes dans les sociétés occidentales. Notre question de recherche était la suivante : « Au-delà des stéréotypes de genre, comment comprendre et interpréter le parcours des jeunes femmes radicalisées dans les sociétés occidentales, de leur conversion religieuse à leur engagement jihadiste au sein de l’Etat islamique ? » Afin de tenter d’y apporter une réponse, nous avons scindé cette étude en deux parties distinctes. Dans un premier temps, nous avons effectué un relevé de la littérature abordant le phénomène radical décliné au féminin. Pour se faire, nous avons traité la théorie au travers d’une logique propre au parcours radical d’une jeune femme allant du processus de conversion au processus de radicalisation pour aboutir finalement à son engagement jihadiste au sein de l’Etat islamique. Dans un deuxième temps, nous nous sommes basées sur l’analyse de divers récits de vie afin d’enrichir l’apport théorique. C’est en effet par la méthode qualitative de l’approche biographique que nous avons abordé le parcours des jeunes femmes radicalisées dans les sociétés occidentales. Nous avons décliné cette analyse en trois temps. Premièrement, nous avons creusé l’idée que ces jeunes femmes opéraient le choix de leur radicalisation comme réponse à un ou plusieur(s) problème(s) singulier(s) rencontré(s) dans leur vie quotidienne. Deuxièmement, nous nous sommes demandées en quoi ces problèmes entretenaient un rapport avec Daech et par quelles stratégies ce dernier apportait une solution à ceux-ci. Troisièmement, nous avons observé que le catalogue de solutions individuelles proposées par Daech, afin de répondre aux problèmes singuliers des jeunes femmes, était fictif et ne correspondait en rien à la réalite de vie sur place. Par conséquent, alors que ces jeunes femmes en rupture avec elles-même voire avec les sociétés occidentales se rendent dans l’Etat islamique, elles sont prises par l’envie de revenir dans leur pays d’origine. Enfin, une comparaison theorico-pratique est opérée afin d’émettre des liens permettant de confirmer ou d’infirmer la littérature théorique.