Orientation temporelle et modes de pensées répétitives: relations avec la dépression et l'anxiété

Les pensées répétitives ont été étudiées comme étant un processus transdiagnostique intervenant dans les troubles de l’humeur et de l’anxiété et expliqueraient en partie la grande comorbidité existant entre ces deux troubles (McLaughlin et Nolen-Hoeksema, 2011). Cependant, d’autres études postulent que les ruminations et les inquiétudes, symptômes caractérisant respectivement la dépression et l’anxiété, possèderaient des processus distincts. Un de ces processus serait l’orientation temporelle des pensées répétitives: une orientation passée sous-tendrait les ruminations, alors qu’une orientation future serait propre aux inquiétudes (Watkins, Moulds, & Mackintosh, 2005). Les modes des pensées répétitives semblent également être un facteur central dans leur conceptualisation (Watkins, 2008). Le but de cette étude était de mettre à jour des différences de fonctionnement cognitif des pensées répétitives au niveau de leur orientation temporelle (passé, présent, futur) ainsi que de leur mode de pensées (abstrait/analytique ; concret/expérientiel ; créatif/dendritique) entre les troubles anxieux, dépressifs et leur comorbidité. Pour ce faire, 60 patients hospitalisés et 81 sujets tout-venant ont été interrogés sur leurs niveaux d’anxiété et de dépression à l’aide d’auto-questionnaires et d’entretiens diagnostics. Les données vont en faveur d’un processus commun à l’œuvre dans ces symptomatologies avec une contribution importante du mode de pensées « abstrait/analytique » et d’une orientation temporelle passée qui prédiraient aussi bien les troubles anxieux que dépressifs. Les modes « concret/expérientiel » et « créatif/dendritique » ainsi que l’orientation centrée sur le présent auraient un rôle protecteur face à la dépression et l’anxiété et s’avèrent beaucoup plus présent dans la population non-clinique. Des recherches futures devraient approfondir les relations entre les modes de pensées et les orientations temporelles chez les patients hospitalisés afin de mettre en place des interventions ciblées sur ces processus à l’œuvre dans l’anxiété et la dépression.