Bolsée, Yves
[UCL]
Schiffino, Nathalie
[UCL]
Dans notre Belgique néo-corporatiste, les trois « grands » syndicats de travailleurs – CSC, FGTB et CGSLB – occupent une place centrale à bien des égards. À la fois groupes d’intérêts représentant les « forces de travail » et acteurs institutionnels contribuant à la fabrique de l’action publique, ils sont encore (avec les fédérations patronales) à l’origine de la production de normes juridiques spécifiques à caractère contraignant – les conventions collectives de travail –. Ils se distinguent de leurs homologues de nombreux pays du monde notamment par un taux de syndicalisation net restant très élevé – proche de 55% en 2016 – et un très fort degré d’institutionnalisation – illustré entre autre par le paiement à leurs affiliés des allocations de chômage –. Loin de se limiter à la défense de l’emploi, des salaires et de la sécurité sociale, ils ont élargi leurs préoccupations à d’autres enjeux, prenant par exemple fait et cause pour les migrants et les LGBT. Au moment d’écrire ces lignes, la thématique écologique occupe de manière patente le devant de la scène. Le présent travail interroge le rôle joué en Belgique dans le domaine environnemental/climatique par les trois syndicats en question. Avec pour fil conducteur la perspective d’une transformation de leur mission et, de manière sous-jacente, d’une possible reconfiguration des relations industrielles tenant compte des enjeux « verts ». À travers leurs sites « web » interprofessionnels fédéraux, les initiatives intersyndicales « RISE », « BRISE » et « Arbeid en Milieu », l’institution du Conseil Fédéral du Développement Durable ainsi que les mouvements « Coalition climat » et « Plateforme justice climatique », nous verrons que ces mêmes syndicats plaident au niveau global pour une prise en compte de la question écologique. Par l’analyse des « cahiers de revendications » syndicaux et des conventions collectives de travail conclues au sein des branches d’activité entre 2013 et 2018 (avec une attention particulière réservée aux industries pétrolière, chimique et alimentaire), nous prendrons acte d’une concrétisation pour l’heure modeste de ce discours au sein des commissions paritaires. Six entretiens menés avec des responsables syndicaux des niveaux interprofessionnel et sectoriel permettront de dégager certains facteurs explicatifs, notamment liés au contexte, à la perception de la question « verte » par une partie du monde syndical et aux moyens dont disposent les organisations de travailleurs. Ainsi que d’aborder l’ « entreprise de redéfinition » de leur mission initiée par lesdites organisations, en termes de stratégies et de capacité d’action entre autre, en vue de parvenir à intégrer écologie et emploi.
Bibliographic reference |
Bolsée, Yves. Écologie et emploi : quelles réponses des syndicats belges de travailleurs ?. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Schiffino, Nathalie. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:18801 |