Impact d’une disparition soudaine de la glace de mer arctique estivale sur le climat des moyennes et hautes latitudes

L’étendue de la glace de mer arctique est en train de connaître une perte considérable depuis le début des observations satellitaires en 1979. Selon les projections, réalisées par des modèles climatiques, cette perte ne s’estompera pas au fil du temps : une disparition totale de la glace de mer estivale pourrait se produire d’ici 2050. De plus, les observations d’étendue minimale de cette glace montrent une forte variabilité interannuelle. Dès lors, une disparition soudaine de la glace de mer est fortement envisageable. La disparition de la glace de mer arctique, qui joue un rôle important dans le bilan énergétique de la Terre, entraînera des conséquences climatiques non-négligeables. La perte actuelle semble déjà influencer le climat des moyennes et hautes latitudes de diverses façons : accentuation de l’amplification arctique ; fréquence accrue des hivers froids sur l’Eurasie ; étés plus humides sur l’Europe, etc. L’objectif de ce mémoire est de déterminer les conséquences climatiques à court-terme (1 an) d’une fonte soudaine de la glace de mer arctique aux moyennes et hautes latitudes à l’aide du modèle climatique global EC-Earth. Une fonte totale de la glace de mer arctique en été entraîne tout d’abord un réchauffement arctique intense. Ce réchauffement est accompagné d’une hausse des précipitations sur cette région en saison automnale. Deuxièmement, un refroidissement important sur l’est de l’Eurasie est observé en automne. Celui-ci est directement lié au renforcement de l’anticyclone sibérien causé par la disparition de glace de mer arctique. Troisièmement, la moitié des simulations réalisées observe une hausse des précipitations estivales sur une large partie ouest de l’Europe liée à un creusement dépressionnaire sur l’Écosse. Enfin, une réponse initialement inattendue est un réchauffement ainsi qu’un assèchement du pourtour méditerranéen. Cette réponse est liée à l’amplification et au décalage vers l’Europe de l’anticyclone des Açores. Cette dernière réponse n’est pas relatée dans les études simulant uniquement une perte de glace de mer arctique, mais l’est dans les études prenant en compte un réchauffement global de la surface terrestre.