Coryn, Morgane
[UCL]
De Sutter, Pascal
[UCL]
Wéry, Aline
[UCL]
Les femmes enceintes victimes de violences conjugales ont un taux de stress élevé et sont plus susceptibles de fumer ou de se droguer, d’accoucher d’un bébé prématuré et/ou en mauvaise santé, d’avoir des complications infectieuses et sont pourtant moins susceptibles de bénéficier de soins prénataux (Chambliss, 2008). La violence conjugale subie avant et/ou pendant la grossesse est généralement poursuivie voire intensifiée à l’arrivée de l’enfant (Izaguirre & Calvete, 2014) et les conséquences sont alors néfastes pour l’ensemble de la cellule familiale. C’est pourquoi il semble particulièrement important que les professionnels accueillant des femmes enceintes soient aptes à détecter ces violences conjugales et possèdent les compétences spécifiques que leur prise en charge requiert. Cependant, nombreux d’entre eux (70%) s’estiment incompétents dans le dépistage et la prise en charge de ce type de victime (Garimella, Plichta, Houseman et Garzon, 2002). De plus, malgré les recommandations des organismes de santé et la mise en avant de l’efficacité concernant l’usage des protocoles de dépistage , peu de professionnels en utilisent (Garimella et al., 2002 ; François et al., 2004, Hurst et al., 2003). Ce travail s’intéressa au dépistage et à la prise en charge d’une femme enceinte victime de viol marital par les professionnels de la santé susceptibles de rencontrer ce type de victimes. Une question principale sera étudiée au travers d’une analyse théorico-empirique. Comment le personnel médical peut-il démasquer leur statut de victime pour ensuite les aider, les orienter et les guider dans un processus de prise en charge complet (médical, judiciaire, psychologique)? Ceci afin de garantir la sécurité et la santé de cette victime et de l’enfant qu’elle porte, sans pour autant briser le secret professionnel ou franchir les limites d’acceptation de la patiente. Après une revue de la littérature portant sur la présentation des concepts utilisés, les prévalences, une analyse du point de vue de la victime et puis de sa prise en charge par le professionnel, une partie empirique testera les hypothèses formulées. Cette deuxième partie de la recherche sera constituée de l’analyse des résultats d’un questionnaire distribué à la communauté médicale francophone de Belgique concernée, à savoir les médecins généralistes, les gynécologues et les sages-femmes. La distribution du questionnaire ayant permis de récolter les réponses de 63 participants. Les hypothèses que nous tenterons de vérifier au travers de la partie empirique seront multiples. Les trois premières concerneront ceux qui se sentent à priori le mieux préparés face à ce type de victime : les professionnels de la santé ayant suivis une formation complémentaire spécifique par rapport à ceux qui n’en ont pas ; ceux qui rencontrent d’avantage ce type de patientes face à l’inverse ; ou encore ceux qui pratiquent depuis plus longtemps. Ces trois facteurs auront été testés de façon à évaluer s’ils influençaient positivement le sentiment d’efficacité dans le dépistage et la prise en charge de ces patientes. Nous supposeront également que les professionnels croyant en l’efficacité d’un protocole l’utilisent d’avantage et ont un meilleur sentiment d’efficacité dans le dépistage et la prise en charge des victimes. La quatrième hypothèse sera que la confiance des professionnels envers les compétences des autorités judiciaires les mènent à d’avantage diriger leurs patientes dans cette direction. Ensuite, il est établi que peu d’intervenants proposent d’emblée l’interruption volontaire de grossesse et l’adoption lors d’un suivi de grossesse. Ce fait serait en partie dû au manque de confiance qu’ils auraient envers les bienfaits que cela peut représenter pour leurs patientes. L’hypothèse suivante suggérait que les professionnels croyant en l’efficacité d’une prise en charge multidisciplinaire ont plus tendance à conseiller à leur patiente d’entamer un processus d’aide extérieure, qu’il soit thérapeutique, social ou juridique. La septième et dernière hypothèse qui a sera investiguée est celle que certains professionnels sont investis d’un sentiment de devoir concernant le suivi particulièrement rapproché de ce type de patientes, ils s’assurent alors des démarches entreprises par les patientes. Ce qui mènerait éventuellement un plus grand nombre d’entre elles a effectivement s’engager dans un processus de prise en charge thérapeutique voire judiciaire. L’analyse des résultats nous permettra de confirmer plusieurs hypothèses et la discussion de ceux-ci à la lumière de la théorie nous permettra d’émettre quelques réflexions supplémentaires ainsi que des pistes pour une éventuelle recherche ultérieure. Les différentes limites de cette recherche seront également revues avant de conclure notre réflexion d’investigation.
Bibliographic reference |
Coryn, Morgane. Le dépistage et la prise en charge des femmes enceintes victimes de viol conjugal par les professionnels de soins de santé. Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : De Sutter, Pascal ; Wéry, Aline. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2475 |