Comment satisfaire le besoin de planification familiale des mères migrantes en séjour irrégulier, en post-partum à Bruxelles? Une approche qualitative

Introduction : Des milliers de mères immigrées vivent en Belgique sans autorisation de séjour et sans accès à la contraception (Médecins du Monde, 2018), malgré que la demande de maitrise sur l’espacement des naissances existe au moins autant dans les contextes de migration que dans la population générale (Asgary et Price, 2018). Objectifs : L’étude vise, d’une part, à identifier les barrières et leviers qui influencent la satisfaction du besoin de planification familiale postnatale des mères migrantes en situation irrégulière et, d’autre part, à explorer des pistes d’action concrètes pour accroitre la capacité professionnelle, organisationnelle et systémique à faire correspondre l’offre et les besoins de promotion de la santé reproductive de cette population particulièrement vulnérable. Méthodes : Cette recherche suit une approche qualitative. Les données ont été recueillies par des entretiens semi-directifs, menés auprès de professionnelles sociales et de santé qui accompagnent des mères sans-papiers au cours de leur première année post-partum, en région de Bruxelles-Capitale (n=9). Résultats : De multiples barrières et leviers influencent la capacité d’une mère en séjour irrégulier à adopter une contraception postnatale faisable, acceptable, issue d’un choix libre et éclairé. Ils se situent au niveau du contexte culturel, politico-juridique et social, des conditions de vie et de travail en termes d’éducation, de logement et d’accès aux services de santé, et du réseau social de la femme. Discussion : Améliorer la qualité de ces parcours de soins requiert de considérer l’ensemble des déterminants de la santé pour en dépasser les faiblesses et en développer les forces sur les plans macro, méso et micro. Il s’agit, tout d’abord, d’élaborer des politiques intersectorielles basées sur les droits afin de rendre effective l’accessibilité financière et institutionnelle aux conseils, à la prescription et à l’éventuelle pose d’un moyen contraceptif satisfaisant dans le cadre d’un séjour irrégulier. Ensuite, l’intégration des soins post-partum en matière de planification familiale permettrait d’en améliorer la globalité et la continuité informationnelle, managériale et relationnelle. Les activités à haute valeur ajoutée, telles que le recours aux services d’interprétariat professionnel et de counseling, sont également à déployer pour garantir l’efficience des parcours de soins. L’approche centrée sur la personne offre, enfin, un cadre optimal pour augmenter la qualité des échanges entre les soignants et les mères sans-papiers.