Anne de Molina, Thomas
[UCL]
Coppens, Philippe
[UCL]
Au travers de la distinction entre offenses et préjudices, Ruwen Ogien offre ce qui semble être une justification rationnelle à l’impunité de l’art. Si l’art ne peut qu’offenser, l’expression artistique peut pourtant mériter condamnation. Ainsi, le philosophe ne laisse qu’une place sommaire au préjudice qui ne prend pas la forme d’une atteinte physique. A l’aide du cadre d’analyse que nous mettons en avant, le juge devrait être à même de considérer l’offense comme simple ou « préjudicielle ». En ce cas, une intervention de l’Etat serait nécessaire pour réguler l’acte à son origine. De par sa nature particulière, la potentielle criminalisation d’une offense suscitée par une œuvre littéraire et artistique doit être tempérée à l’aide d’autres critères spécifiques. Il convient ainsi de protéger la liberté de création artistique et de lui accorder un statut particulier, voie vers laquelle semble se diriger la jurisprudence européenne récente. Particulièrement dans des matières « sensibles », il nous semble primordial de prendre en compte les sentiments individuels de ceux qui se sentent offensés. L’effort pour penser les bases de la liberté d’offenser développée par Ruwen Ogien reste à poursuivre, tant elle dépend du contexte moral et politique dans lequel l’expression artistique prend place. Certainement, cette liberté est à défendre aussi longtemps qu’elle prend en compte la liberté des individus de ressentir l’offense comme un préjudice.
Bibliographic reference |
Anne de Molina, Thomas. La criminalisation de l’art : comment distinguer l’expression artistique qui choque de celle qui nuit ? L’œuvre littéraire et artistique face à la distinction entre offenses et préjudices de Ruwen Ogien. Faculté de droit et de criminologie, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Coppens, Philippe. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:26289 |