Émergence et mise en oeuvre d'un nouveau modèle de professionnalité du chef d'établissement

Dans un contexte de « durcissement » des politiques de pilotage par les résultats en FWB, ce mémoire explore les attentes sociales exprimées à l’égard des chefs d’établissement. En inscrivant notre objet de recherche dans la sociologie des professions, nous partons du principe que ces attentes redéfinissent la professionnalité des directions. Pour traiter cette problématique, notre recherche poursuit deux objectifs. Dans un premier temps, nous cherchons à comprendre le nouveau modèle de professionnalité du chef d’établissement tel qu’il ressort de différents textes politiques. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur une analyse documentaire réalisée à partir du Pacte pour un enseignement d’excellence et de récents décrets. Notre analyse rend compte de la prégnance de pratiques, attitudes et ressources orientées vers l’émergence d’un modèle de professionnalité que nous qualifions de « leader participatif ». Ensuite, ce mémoire analyse la réception de ce nouveau modèle de professionnalité émergeant auprès des directions. Méthodologiquement, nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès d’un échantillon limité de huit chefs d’établissement du réseau libre catholique. En mobilisant une approche s’inspirant des théories néo-institutionnalistes (Suchman, 1995), nos résultats indiquent tout d’abord que les chefs d’établissement accordent une légitimité cognitive relativement forte au modèle de professionnalité qui leur est proposé. L’élaboration collective du plan de pilotage (futur contrat d’objectifs et instrument de contractualisation) constitue un des piliers sur lesquels ils font reposer leurs pratiques néo-managériales. Les analyses de l’émergence du modèle du « leader participatif » mais aussi de sa mise en œuvre au niveau local viennent toutefois nuancer le caractère « nouveau » de ce modèle de professionnalité. D’un côté, la plupart des schèmes cognitifs que nous associons à ce modèle restent proches de ceux évoqués dans des travaux antérieurs comme, par exemple, ceux relatifs au modèle de « l’établissement mobilisé » (Dupriez, 2003). De l’autre, les chefs d’établissement ne semblent pas percevoir ces attentes comme étant une façon de redéfinir considérablement leur professionnalité. Bien qu’ils soient conscients de la difficulté de mettre en œuvre le modèle du « leader participatif » au quotidien, ils remettent peu en question leurs responsabilités dans la gestion administrative de leur école. Ce constat constitue dès lors un objet de recherche qu’il serait pertinent de poursuivre lorsque certaines ambitions du Pacte seront posées en actes politiques, entre autres l’externalisation de certaines tâches administratives et de gestion.