Comment expliquer la recrudescence de la rougeole en Wallonie? Une étude de méthodes mixtes auprès du grand public et des professionnels de la santé

La rougeole est, depuis plusieurs années, en recrudescence dans le monde. En 2017, la Flandre atteint une couverture vaccinale de 93 %, à Bruxelles, ce taux descend à 76 %, et en Wallonie à 70 %. Deux études complémentaires ont été menées pour comprendre les facteurs responsables de cette sous-vaccination de la rougeole en Wallonie. Le premier volet quantitatif consiste en l’analyse de données récoltées via un questionnaire destiné à la population wallonne. Le second volet qualitatif est constitué d’informations recueillies grâce à des entretiens semi-directifs menés auprès de professionnels de la santé qui pratiquent la vaccination de la rougeole en Wallonie. Les deux études révèlent que l’acceptation de la vaccination n’est pas dépendante de la connaissance vaccinale. Cependant, les données récoltées ont permis de déterminer un profil sociodémographique (les femmes entre 18 et 29 ans avec des enfants) plus susceptible de réaliser les vaccinations recommandées. 77 % des répondants au questionnaire déclarent réaliser leur vaccination sur avis d’un professionnel de la santé. Il est également ressorti des résultats que, non seulement un encadrement par un professionnel de la santé est primordial, mais aussi qu’ils sont le principal vecteur d’information de la vaccination. De plus, les professionnels de la santé doivent avoir conscience des freins à la vaccination relevés dans ce travail : la peur du vaccin de la rougeole et l’importance de la confiance. Si des freins ont pu être identifiés du côté des patients, les professionnels de la santé pointent, eux aussi, des difficultés qui gênent leur pratique de la vaccination et limitent leur efficacité : une connaissance limitée de la rougeole chez les jeunes médecins, des données vaccinales éparpillées nécessitant une centralisation, ainsi qu’un manque de coordination entre praticiens. En outre, les professionnels de la santé se plaignent d’une charge de travail laissant peu de place au travail de sensibilisation dont ils se sentent responsables. Le travail effectué pour cette recherche a permis de dégager différentes pistes qui pourraient alimenter une réflexion en prévision d’une prochaine campagne de vaccination. Il s’agit surtout d’intégrer lors de cette campagne des données qui permettent d’améliorer la confiance de la population en son médecin, élément qui semble être un atout majeur de la promotion de la vaccination de la rougeole.