Hladki, Corentin
[UCL]
Van Oppens, Hervé
[UCL]
Depuis quelques années, l’intégration de l’informatique dans notre vie de tous les jours n’a cessé de prendre de plus en plus d’ampleur. Si bien qu’il serait difficile d’imaginer de se passer des technologies durant une journée. Du lever au coucher, nous sommes totalement dépendants de l’informatique. Les marchés financiers n’échappent pas à cette règle. L’époque des grandes places boursières, des échanges à la criée et des carnets d’ordres semble désormais bien loin. Pour investir en bourse, de nos jours, rien de plus simple, il suffit d’ouvrir un compte-titre via son ordinateur et de décider des montants investis. Trouver de l’information concernant un titre est également des plus aisé. Bon nombre de plateformes tellles que Yahoo !Finance, Bloomberg ou Thomas Reuters permettent la diffusion des cours en continu, de rapports d’analystes ainsi qu’une abondance d’articles vantant les mérites d’un titre en particulier ! Les marchés des actions semblent désormais plus accessibles que jamais pour les investisseurs de tous genres. Ce travail avait pour ambition d’étudié les effets de l’informatisation des places boursières et du trading via internet sur le risque des marchés. Pour ce faire, nous nous sommes intéressés à la relation entre les volumes et la volatilité des prix sur le marché des actions et nous avons tenté de déterminer si les marchés sont plus risqués en présence de volume d’échange accrus. Le marché considéré pour cette analyse est le marché des actions de la zone euro de 1991 à 2015. Nous soupçonnions que l’arrivée de nouvelles technologies et de nouveaux types agents (sociétés de trading à haute fréquences) ont fondamentalement transformés le modèle du marché des actions tel qu’il existait dans les années 90. Principalement, nous soupçonnions un accroissement considérable des volumes d’échanges provoqués par l’informatisation des places boursières en facilitant l’accès aux marchés et réduisant la durée d’exécution des ordres. Cette augmentation du nombre de transactions journalières associées aux activités des sociétés de trading à haute fréquence et l’arrivée du trading via internet pourraient être responsable d’une augmentation du risque des marchés des actions Nous avons utilisé un échantillon de 20 actions extraits de l’indice Eurostoxx 50 en fonction du poids de chacune de ces actions dans l’indice. La première étape de ce travail consista à prouver que les volumes possédaient un pouvoir explicatif de l’évolution de la volatilité. Pour ce faire, nous avons utilisé le modèle GARCH proposé par Bollerslev (1986) : r_t= μ_(t-1)+ε_t (1) ε_t |(ε_(t-1),ε_(t-2),…)┤ ~ N(0,h_t ) (2) h_t^2= α_0+α_1 ε_(t-1)^2+ α_2 h_(t-1)^2 (3) Nous avons suivis la procédure proposée par Lamoureux et Lastrapes (1990) et avons donc ajouté à l’équation (3) une mesure des volumes. Cependant les résultats ne fut pas satisfaisant. Seulement 4 des 20 coefficients associés aux volumes de chaque titres était statistiquement différent de zéro. En utilisant un modèle FIEGARCH(1,d,1) nous avons pu prouver dans la plupart des cas que les volumes possédaient un pouvoir explicatif de l’évolution de la volatilité. Nous avons ensuite comparé les volumes de chaque action dans deux sous-périodes séparée au 22 septembre 2000 (date de création de l’Euronext). Nous avons choisis cette date car nous pensons que l’harmonisation des places boursières européennes tirait un trait définitif sur le passé pour laisser place à l’informatique dans les places de marchés. Les résultats démontrent que pour les 20 actions, les volumes et le turnover ont statistiquement augmentés. En ce qui concerne la variance, nous n’avons pu prouver une augmentation que pour 11 des 20 titres considérés. Cependant, l’analyse des coefficients de variation semble s’accorder pour dire que les marchés sont plus risque dans la deuxième sous-période (après la création de l’Euronext). Pour conclure, les évolutions technologiques sont de manière générale un bien pour l’économie. Le problème provient plutôt de l’usage que nous en faisons. N’importe quelle révolution, pourtant bienfaisante, peut être détournée de son but initial pour servir les intérêts propres d’un groupe d’individus. Malheureusement, l’histoire nous a prouvé que l’outil formidable qu’est l’informatique n’échappe pas à cette règle. L’informatisation des places boursières permet un gain de productivité considérable. L’automatisation des ordres a permis de réduire le nombre d’intermédiaires nécessaires et donc de réduire le coût de l’investissement et d’augmenter les perspectives de profit. De plus, grâce au trading via internet, les marchés se sont ouverts aux (plus) petits porteurs. Les marchés se sont mondialisés, agrandissant l’univers d’investissement et permettant de réduire davantage le risque grâce à une plus grande diversification des investissements. Tout cela n’aurait pas pu être réalisable sans l’informatique. Il serait idiot de vouloir freiner le progrès. Cependant, nous pensons que les sociétés de trading à haute fréquence détournent les marchés de leur but initial. Les stratégies de ces sociétés sont uniquement basées sur des fluctuations à très court terme et ne sont en rien liées à une analyse de la santé d’une entreprise. Il n’y a donc aucun apport de capital à l’économie, seulement des retraits. En absorbant une partie des profits censés revenir aux investissements « traditionnels », ces sociétés détournent le marché des capitaux de leur but initial. Il peut être nécessaire de contrôler voir de freiner leur croissance. Par exemple, pourquoi ne pas considérer d’imposer un délai minimum de détention d’un titre ? Ce délai ne devrait bien sûr pas être trop important, le but ici n’est pas de bloquer des titres de manière à augmenter le risque de perte, mais de réduire l’augmentation des volumes. Dans un même ordre d’idée, il pourrait aussi être intéressant d’envisager de limiter le nombre de transactions journalières en fonction du capital disponible par la société. Ces types de régulations possèdent des implications qui dépassent le cadre de ce mémoire, et peuvent servir de base pour une analyse future.
Bibliographic reference |
Hladki, Corentin. Les technologies modernes rendent-elles les marchés financiers plus risqués ? Analyse empirique de la relation volatilité-volume sur le marché des actions de la zone euro. Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : Van Oppens, Hervé. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2808 |