Effet de la prise périopératoire de médicaments antihypertenseurs sur la douleur postopératoire aiguë et persistante après arthroplastie élective du genou

Les arthroplasties électives du genou sont des opérations orthopédiques majeures fréquentes dans la pratique clinique. Via des mécanismes d’inflammation et de sensibilisation périphérique et centrale, elles sont souvent associées à des douleurs postopératoires aiguës sévères. Les patients prévus pour une arthroplastie de genou sont souvent âgés et présentent des comorbidités, dont des problèmes d’hypertension artérielle. Des liens entre hypertension artérielle et douleur ont été démontrés, de même que des interactions entre médicaments antihypertenseurs et modulation des processus nociceptifs. L’objectif de ce mémoire est d’évaluer l’influence de trois classes de traitements antihypertenseurs (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes du récepteur à l’angiotensine II et β-bloquants) sur l’évolution de la douleur postopératoire aiguë et chronique après arthroplastie élective du genou. Dans le cadre du programme « Optimal Recovery » des Cliniques Universitaires Saint-Luc à Bruxelles, 437 dossiers de patients opérés d’arthroplastie élective du genou entre 2012 et 2017 ont été analysés rétrospectivement. Les paramètres principaux relevés ont été les scores de douleur en salle de réveil et jusqu’à 3 mois après l’opération, la quantité de morphine administrée en salle de réveil et l’incidence de douleur chronique post-chirurgicale et sa composante neuropathique. Dans les cohortes traitées par inhibiteurs de l’enzyme de conversion, aucune corrélation ni de différence clinique statistiquement significative n’a été retrouvée. Chez les sujets traités par antagonistes du récepteur à l’angiotensine II, des scores de douleur moins élevés ont été relevés en salle de réveil au J1 post-chirurgie (p=0,048). Les patients traités par b-bloquants ont consommé moins de morphine (p=0,033) et présentent des scores de douleurs à l’arrivée (p=0,007) et maximaux (p=0,034) moins élevés en salle de réveil. Des scores de douleur au repos moindres ont été aussi observés dans ce groupe en postopératoire immédiat : J1 (p=0,040), J2 (p=0,013) et J3 (p=0,007) post-chirurgie. Aucun effet à plus long terme des différents traitements antihypertenseurs n’a pû être mis en évidence. En conclusion, les inhibiteurs du récepteur à l’angiotensine II et les β-bloquants ont un effet modulateur de la douleur postopératoire aiguë après arthroplastie élective du genou.