Quel est l’impact des discriminations raciales perçues et de la victimisation collective des individus d’origine marocaine sur leur engagement scolaire dans l’enseignement secondaire en communauté française ?

Les Marocains de Belgique, arrivés en nombre dans le pays à partir des années 60, subissent de nos jours de multiples discriminations et actes racistes dans de nombreux domaines en raison de leur origine ethnique. Ce mémoire se focalisera en particulier sur les discriminations raciales vécues par ces derniers dans le domaine scolaire. Bien que l’école ait une mission émancipatrice à l’égard des élèves et devrait fournir à chacun des chances identiques de réussite, les Marocains rapportent fréquemment être victimes d’un traitement différencié. Connaissant un taux d’échec supérieur, ils quittent plus souvent le secondaire sans diplôme et avec une probabilité moindre de faire des études supérieures. Ils sont par ailleurs fréquemment orientés de façon précoce dans les filières techniques et professionnelles. L’objectif de ce mémoire sera ainsi, après avoir fait le point sur ces discriminations, de comprendre de quelle manière elles pourraient impacter leur engagement scolaire. Il s’agira en d’autres termes d’observer, si le fait d’être confrontés à des discriminations influe sur leur motivation et l’investissement qu’ils consentent à fournir à l’école. Considérant qu’en raison des discriminations et préjudices vécus, les Marocains pourraient éprouver un sentiment les amenant à se considérer comme victimes en tant que groupe, l’impact qu’un sentiment de victimisation collective développé par les élèves d’origine marocaine pourrait avoir sur ce même engagement sera également analysé. Afin de répondre à l’objectif de notre étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode de recherche quantitative. Sur base d’un questionnaire distribué à un échantillon de Marocains ayant réalisé leurs études dans l’enseignement secondaire en communauté française de Belgique, des données statistiques ont été recueillies que nous avons comparées et analysées afin de faire émerger des constats et tendances signifiantes nous permettant de répondre à notre problématique. Notre étude nous a au final permis de mettre en évidence que les Marocains s’estiment fortement victimes et discriminés en tant que groupe. Ils considèrent en effet que les Marocains ont subi des souffrances et injustices imméritées et continuent à souffrir de nos jours des conséquences des relations passées entre la Belgique et le Maroc. Il apparaît cependant que ces perceptions semblent peu impacter leur engagement scolaire. Elles ne permettraient pas en effet d’expliquer leur engagement ou désengagement sur le plan scolaire. A l’inverse, les discriminations scolaires vécues à l’école à titre personnel ainsi que des caractéristiques individuelles telles que l’âge ou le genre semblent impacter l’engagement scolaire. L’engagement scolaire est ainsi apparu comme pouvant au niveau de notre échantillon être expliqué, non par des dynamiques ou concepts collectifs mais par des dynamiques individuelles et intrascolaires.