Définir la créativité dans la socialisation scolaire : sociologie pragmatique de la créativité à l’école

Il n'est pas rare qu'un terme soit investi d'acceptions nombreuses et parfois contradictoires. Celles que l'on emprunte à la créativité constituent l'usage heureux des artistes, esthètes ou savants fous. Toutefois, lorsque cette notion devient progressivement une compétence vantée et un motif d'actions économiques, politiques ou encore éducatives, il convient de s'interroger sur ce qu'implique sa plurivocité. Prenant racine dans les discours et projets sur l'école "de demain", ce mémoire s'attache à donner la parole aux acteurs de l'enseignement (élèves et enseignants) sur la manière dont ils conçoivent et approchent la créativité, notamment dans le cadre scolaire. Sa visée n'est pas tant de construire une définition univoque que d'observer l'existence ou non de variabilités de cette définition selon l'appartenance socioéconomique et la filière des acteurs, mais aussi selon le modèle d'enseignement éprouvé. Si la sociologie pragmatique et en particulier l'approche par les cités de justification de Boltanski et Thévenot nous semblait judicieuse, d'autres ressources viennent la compléter pour attribuer toujours plus de sens aux représentations et logiques d'action de nos enquêtés issus de 6 différents établissements. La rigueur de l'analyse s'impose avec d'autant plus de force qu'elle traite de focus groups : sans léser le vécu individuel, la parole qui émerge est collective. Au terme de ce mémoire, nous pourrons énoncer les facteurs de variabilité de la définition de la créativité dans le contexte scolaire, indiquer les conséquences de cette variabilité sur l'expérience scolaire, et suggérer des hypothèses sur ce qu'elle impliquerait à terme dans le paysage éducatif.