L'art du portrait dans "Histoire de ma vie" de George Sand

Dès le premier chapitre d’Histoire de ma vie de George Sand, l’enjeu traditionnel de l’autobiographie comme écrit de soi est désavoué. En effet, pour la mémorialiste, il est de mauvais goût de discourir trop longuement sur soi-même. L’enjeu autobiographique est donc ailleurs. L’espoir de se peindre, de parvenir à inscrire dans son autobiographie un autoportrait en creux n’est pas en définitive écarté, mais George Sand part du postulat que pour se connaitre, il faut avant tout apprendre à connaitre les autres. Cette ambition de solidarité que Damien Zanone relève dès l’énonciation se traduit par une abondance de portraits. Dès lors, ce mémoire se concentre sur l’étude des portraits d’Histoire de ma vie afin de définir l’art qui en régit la composition. La réalisation d’une typologie couplée au critère de la distance que la mémorialiste observe par rapport à ses modèles nous a permis de distinguer deux grands groupes de portraits : ceux consacrés à des figures de l’enfance et de la famille, d’une part ; et ceux traitant d’amis et d’artistes, d’autre part. Cette distinction s’accompagne d’une différence de traitement : alors que pour les premiers la mémorialiste s’attache à pénétrer le secret de leur intériorité, les seconds sont l’occasion pour Sand d’interroger son rapport à l’art aussi bien sur le plan identitaire (comment être artiste) qu’esthétique (comment faire du réel un « ouvrage d’art »). Entre la réalité et l’idéal, les portraits d’Histoire de ma vie sont à penser comme autant de « résumés splendides » qui permettent de faire surgir la vérité par le prisme de l’art. Dès lors, l’art du portrait en autobiographie de George Sand contient de manière condensée la clef de son art autobiographie : elle est parvenue à sentir la vie et à peindre des caractères vrais.