Courtat, Allyson
[UCL]
Lasserre, Audrey
[UCL]
Ce travail entend apporter un éclairage sur les « résistances » à la traduction du queer en France, à notre époque contemporaine. Cette réflexion, née d’un constat collectif, s’attache à décrypter le contexte politico-culturel, linguistique et éditorial dans lequel se construisent et se développent les identités queer. Tardivement considérées de manière officielle, tant sur le plan civique que juridique, elles font toujours face à un cistème hétéronormatif, patriarcal et binaire, qui borne leur dicibilité et leur visibilité. C’est dans ce contexte, qui façonne l’imaginaire d’arrivée du lectorat, que sont publiées quelques traductions d’écrits queer. C’est notamment à l’initiative de chercheur.euses français.es, via la création de séminaires de recherches, que seront entreprises, dans les années 1990, les traductions de travaux piliers de la théorie queer sur le plan institutionnel, dépassant ainsi le cadre des cercles militants. Néanmoins, la rencontre entre les champs de la recherche traductologique et de celle du genre ne se rencontrent qu’une dizaine d’années plus tard. Les deux sont proches sur bien des aspects, notamment celui de leur marginalité et binarité intrinsèque. Dans une optique post-binaire, je me suis intéressée aux pratiques permettant de traduire le queer et de queeriser la traduction. Qu’elles soient relatives au graphisme ou au textuel, il s’agit là d’outils d’empowerment en ce qu’ils permettent de recouvrer une certaine agentivité, de rendre dicibles les identités queer et de les visibiliser. Ils participent ainsi, tout comme le.a traducteur.ice, à élargir le champ des possibles et à encourager une transformation sociale. Il ne saurait être omis que cette transformation sociale ne peut qu’être le résultat du collectif. Le.a traducteur.ice n’étant, d’un côté, que l’un.e des acteur.ices du champ littéraire, porté également en partie par les éditeur.ices et les libraires ; et de l’autre d’un réseau social dont iel n’est que l’instigateur.ice, en ce que la promotion des ouvrages participent à alimenter et enrichir la réflexion autour du queer, par des tables rondes, conférences, recherches, actions académiques ou militantes. This research aims at highlighting the contemporary obstacles to translating the queer in France. This reflection, born from a collective observation, endeavors to understand the political, cultural, linguistic, and editorial context in which queer identities develop and evolve. Lately officially regarded, both at civic and legal levels, they still face a heteronormative, patriarchal, and binary cistem that limits their visibility. It is in this context, that shapes the reader’s imagination, that some queer translations eventually see the light of day. Through research seminar initiatives from French researchers in the 1990s, begin the translations of fundamental writings of the queer theory on an institutional level, beyond activists’ circles. However, the fields of translation and gender studies only meet around ten years later. They have a lot in common, especially when it comes to marginality and intrinsic binarity. In a post-binary approach, I investigated practices that could enable to translate the queer and queer the translation. Whether inspired by design or writing methods, they turn out to be tools towards empowerment: allowing to recover one’s free will on one side and making queer identities speakable and visible on the other. Along with the translator who uses them, they contribute to expanding the range of possibilities and stimulating social change. It should be stressed that social change can however only be the result of collective actions. First because translators are only one link in the literary chain, also supported by publishers and booksellers. Second because they are the instigators of a social network of many actors, as the promotion of books participate it feeding and enriching the queer thinking, thanks to roundtables, conferences, academic or activist research and actions.
Bibliographic reference |
Courtat, Allyson. Traduire le queer en France, histoires de genres.. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, 2023. Prom. : Lasserre, Audrey. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:42985 |