Évaluation de la vulnérabilité des systèmes agraires face aux retombées de téphra. Cas d'étude: volcan Mayon, Philippines

L’agriculture sur les sols volcaniques nourrit au moins 10% de la population mondiale. Ce chiffre s’explique notamment par le potentiel agronomique des sols volcaniques qui découle de leurs propriétés uniques. Dès lors, l’agriculture à proximité des volcans assure la sécurité alimentaire de la population aux échelles locale et régionale. Paradoxalement, cette proximité expose et menace l’agriculture au risque de retombées de téphra, un matériau volcanique issu de la fragmentation du magma. L’évaluation de la vulnérabilité des exploitations agricoles face aux retombées de téphra fait partie intégrante de l’analyse des risques nécessaire à l’élaboration de stratégies adéquates afin de limiter les dégâts causés lors d’une éruption. À ce jour, les études qui évaluent la vulnérabilité de l’agriculture face aux retombées de téphra se limitent à décrire et quantifier l’impact sur les cultures et l’élevage de manière isolée. La structure et le fonctionnement des exploitations agricoles ne sont jamais pris en considération dans la caractérisation de cette vulnérabilité. Or, il existe généralement des flux de matières qui circulent entre les éléments qui constituent une exploitation, ce qui augmentera potentiellement la vulnérabilité de celle-ci. L’objectif de ce travail est d’améliorer nos connaissances sur la vulnérabilité des exploitations agricoles face aux retombées de téphra en utilisant une approche systémique. Plus spécifiquement, nous souhaitons i) décrire la structure et le fonctionnement de huit systèmes agraires autour du volcan Mayon, aux Philippines, ii) analyser leur situation financière sur une période d’un an lorsqu’elles ne sont pas soumises à des retombées de téphra, iii) estimer les pertes de productions que subissent les exploitations sous deux épaisseurs de téphra en fonction du mois de l’année et iv) identifier les répercussions que ces pertes pourraient avoir sur le reste du système. Nos résultats ont montré l’importance de la période de l’année et des caractéristiques spécifiques des exploitations sur l’évaluation de leur vulnérabilité face aux retombées de téphra. Nous remettons donc en question l’idée de développer des stratégies génériques applicables à toutes les exploitations de la région du Mayon.