De Spiegeleir, Sophie
[USL-B]
Je réalise une thèse de doctorat en sociologie-anthropologie qui porte sur la libération à l’essai des personnes internées en Belgique francophone. L’internement est une mesure de sûreté qui concerne les individus qui ont commis des faits qualifiés infraction et qui ont été déclarés irresponsables de leurs actes en raison d’un trouble mentale. La mesure répond à un double objectif : protéger la société d’individus considérés comme dangereux et dispenser les soins nécessaires à ces mêmes individus en vue de leur réinsertion sociale. Ma recherche se décline en deux volets : elle vise, d’une part, à rendre compte du travail et des pratiques des équipes professionnelles qui interviennent au moment de la libération à l’essai des personnes internées, dernière « épreuve » avant la libération définitive et la réinsertion. D’autre part, elle s’intéresse aux implications de ces pratiques professionnelles sur l’expérience vécue et les trajectoires des personnes internées. Pour éclairer ces deux volets de la recherche, j’ai réalisé une enquête de terrain d’une année et demie. Lors de celle-ci, au cours d’un « stage en immersion » de dix mois, j’ai pu observer, à raison de deux à trois jours par semaine, le quotidien de deux Unités Psychiatriques Médico-Légales (UPML) en Belgique francophone. Ces unités appartiennent à deux établissements psychiatriques distincts et hébergent une trentaine de personnes internées en libération à l’essai qui y résident pour une durée moyenne de dix-huit mois. L’espace relativement clos qu’est celui des UPML, où les équipes professionnelles pluridisciplinaires (équipe soignante, psycho-criminologues, médecin-psychiatres, ergothérapeutes, etc.) et les personnes internées se côtoient en permanence, constitue un terrain d’enquête aussi riche que difficile. Il permet en effet d’analyser le quotidien de la psychiatrie légale, au cours duquel se joue une multitude de situations sociales et où rapports humains se lient et se délient en continu. De par son caractère « enclavé », ce terrain est toutefois difficilement accessible pour la recherche en sciences sociales. S’y engager en vue de mener une enquête sociologique et ethnographique soulève des enjeux considérables d’ordre méthodologique, épistémologique et éthique. Pour cet atelier, je propose de revenir, d’une part, sur la façon dont j’ai « négocié » mon entrée en UPML et, d’autre part, sur la façon dont j’ai petit à petit « trouvé ma place » dans les murs de ces unités.
Bibliographic reference |
De Spiegeleir, Sophie. « Elle sert à quoi ? » Enquêter sur un terrain sensible et difficile d’accès : le cas des unités psychiatriques médico-légales..Atelier (Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités de l'Université d'Ottawa (CIRCEM), 04/05/2022). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.3/262166 |