archéologie; paléoenvironnement; archéobotanique; Afrique Centrale; charbons de bois; palmier à huile; datations radiocarbones; écologie; botanique; archaeology; palaeoenvironment; archaeobotany; Central Africa; wood charcoals; oil palm; radiocarbon dates; ecology; botany
Abstract :
[fr] La forêt tropicale africaine a longtemps été considérée comme vierge du passage de l’homme. Cependant, plusieurs études récentes en paléoécologie et archéologie ont démontré la présence d’activités humaines anciennes à partir d’indices paléoenvironnementaux (i.e. pollens de plantes anthropophiles) et d’artefacts (i.e. tessons de céramique).
Ces études sont toutefois trop rares en raison de difficultés de terrain pour repérer et accéder aux sites archéologiques (couvert végétale dense, absence de pistes). De grandes zones à l’intérieur des terres demeurent donc inexplorées. Par ailleurs, peu d’études se sont penchées sur la question de l’impact de ces activités anthropiques passées sur la structure et la composition de la végétation actuelle.
Grâce à une approche multidisciplinaire à la frontière entre sciences humaines et sciences de l’environnement (archéologie, pédoanthracologie : charbons de bois des sols, écologie forestière), notre objectif est d’identifier des indices d’activités humaines anciennes, lesquels sont été mis en relation avec les patrons actuels de végétation.
Nos trois zones d’étude sont localisées en forêt tropicale humide de type guinéo-congolais et sont réparties dans le sud-ouest et sud-est du Cameroun et le nord de la République du Congo. Le long d’une vingtaine de transects de plusieurs kilomètres, nous avons appliqué un protocole systématique de récolte de matériel archéologique et archéobotanique dans des fosses situées sur des parcelles d’inventaire botanique. Ceci nous a permis de récolter plus d’un millier d’échantillons contenant des macrorestes végétaux carbonisés ainsi que des artefacts inédits pour la région (pierre taillée et polie, tessons de céramique, scories de métallurgie) et d’inventorier la végétation dans l’environnement immédiat des découvertes.
L’analyse spatiale et temporelle (chronologie relative et par datation radiocarbone) des macrorestes a permis d’identifier des villages entourés de probables champs agricoles (agriculture itinérante sur brûlis). Les 68 datations radiocarbones et les types céramiques obtenus suivent une chronologie archéologique en deux phases : un âge du Fer ancien entre 2300 et 1300 BP et un âge du Fer récent se poursuivant jusqu’à la période subactuelle, entre 670 et 20 BP. Entre ces deux phases d’occupation, les traces d’activités anthropiques sont rares. La première phase d’activités serait à mettre en relation avec une fragmentation de la forêt dense à la suite d’un épisode climatique aride autour de 2500 BP, permettant ainsi aux populations de pénétrer la forêt. Un épisode plus humide à partir de 800 BP, avec un retour d’un couvert plus dense, aurait fait reculer les populations humaines. Leur rétablissement dans les forêts se serait produit conjointement à des conditions plus sèches. Ces trois phases rejoignent la chronologie générale établie à l’échelle de l’Afrique centrale.
Les premiers taxons identifiés parmi les macrorestes végétaux carbonisés, graines et charbons de bois, démontrent l’utilisation ancienne du palmier à huile et d’arbres fruitiers sauvages. Les espèces ligneuses identifiées sont présentes dans le cortège floristique actuel.
L’identification taxonomique des charbons de bois devrait nous permettre de reconstituer l’environnement végétal au cours des deux derniers millénaires. Les différences observées dans les couverts forestiers passé et actuel en termes de composition floristique ainsi que la structure des peuplements actuels sont de bons indicateurs d’impacts récents de l’homme sur son milieu.
Disciplines :
Archaeology Phytobiology (plant sciences, forestry, mycology...) Environmental sciences & ecology Life sciences: Multidisciplinary, general & others Arts & humanities: Multidisciplinary, general & others
Author, co-author :
Morin-Rivat, Julie ; Université de Liège - ULiège > Forêts, Nature et Paysage > Laboratoire de Foresterie des régions trop. et subtropicales