SUR QUELQUES TRAVAUX RÉCENTS RELATIFS AU LIMOUSIN, AU POITOU ET AUX CHARENTES
par JEAN PITIÉ, ANTOINE PERRIER, ROGER FAÇON
Limousin
Albert Goursaud. — La Société rurale traditionnelle en Limousin ; Ethnographie et Folklore du Haut-Limousin et de la Basse- Marche,, 1 vol., 288 p., Paris, Maisonneuve et Larose, 1976.
Il n'existait pas de manuel de folklore pour le Limousin. L'ouvrage de M. Albert Goursaud, présenté par M. Maurice Robert, chargé de recherches au C.N.R.S,. va combler cette lacune, au moins pour le département de la Haute-Vienne. Tout au long de sa vie, M. Albert Goursaud a recueilli des faits folkloriques. Il est mort sans avoir pu achever l'ouvrage qu'il se proposait d'écrire, dont sa veuve a confié à M. Maurice Robert le soin de le terminer et de le publier. Il doit comprendre quatre volumes, celui-ci étant le premier.
Le folklore appelé maintenant ethnographie pourrait apparaître comme une science auxiliaire de la géographie humaine. Les deux ordres de recherche ont des préoccupations communes. Dans son ouvrage, M. Goursaud évoque les travaux des géographes et des historiens, Albert Demangeon, Marc Bloch, Aimé Perpillou, Daniel Faucher, Max Derruau. En a-t-il tiré tout le parti utile ?
Au sujet du paysage rural, il aurait pu indiquer de façon plus nette la présence en Limousin au milieu des terroirs de champs clos, les plus fréquents, de zones parfois assez vastes de champs ouverts où se retrouvent les pratiques communautaires des pays de champs ouverts, peut-être des territoires plus anciennement défrichés.
La maison bloc-à-terre n'est plus aujourd'hui la forme la plus répandue de l'habitat rural en Limousin. Elle s'est dédoublée : la grange-étable est un bûtiment distinct de la maison d'habitation. Le passage de l'ouvrage de Schmitt-Timbal (p. 33 de la lre édition de cet ouvrage) cité par A. Goursaud se rapporte à l'ensemble du Limousin et pas spécialement à la Basse- Marche, pays à prédominance de céréales riches, où l'on trouve fréquemment un type de maison-cour avec bâtiments d'exploitation disposés autour de la cour. La grange sur tirant, observée surtout dans les régions de montagnes, ne se trouve dans la Haute-Vienne que dans le Sud-Est du département. Les toits de chaume ne subsistent plus qu'exceptionnellement (autour de Jabreilles, dans les monts d'Ambazac). L'utilisation de la grange-étable est bien décrite. L'aménagement de la maison d'habitation, l'usage et l'ameublement des différentes pièces, de même; Albert Goursaud évoque aussi les rites magiques, un des objets de recherche des folkloristes, se rattachant à la construction des maisons. Mais on regrettera que ces développements ne soient pas accompagnés ; à défaut de photographies, de plans et de croquis. On se rappellera à ce propos que les premières thèses de géographie consacrées à des études régionales, celles de Demangeon, Blanchard, Camille Vallaux, en comportaient de nombreux. Une seule photographie, au reste caractéristique, dans l'ouvrage de Goursaud, une maison bloc-à-terre à Saint-Julien-le-Petit, canton d'Eymoutiers.
