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Michel Servet, Restitution du christianisme. Édition bilingue. Introduction, traduction, annotations et annexes de Rolande-Michelle Bénin, 2 vol., (Textes littéraires de la Renaissance, 8), Paris, Honoré Champion, 2011

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REVUE DES LIVRES REVUE D’HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 2012, Tome 92 n° 4, p. 619 à 704 674

Michel Servet, Restitution du christianisme. Édition bilingue. Introduction, traduction, annotations et annexes de Rolande-Michelle Bénin, 2 vol., Paris, Honoré Champion, 2011, 1751 pages (Textes littéraires de la Renaissance, 8), ISBN 978-2-7453-2301-9, € 254. Faisant suite à celle des Erreurs de la Trinité (2008), des Dialogues et de La justice du Royaume du Christ (2009), voici la traduction française, assurée une fois encore par R.-M. Bénin, de la Restitution du Christianisme.

Publié dans la clandestinité à Vienne (Dauphiné) en 1553, l’ouvrage constitue une somme de propositions philosophiques et théologiques que Servet a rédigées depuis son adolescence et jusqu’à la fin de sa vie. Il lui valut deux bûchers, puisque Servet fut brûlé d’abord en personne (à Genève), puis en effigie (à Vienne). Trois exemplaires furent préservés de la destruction (déposés à Vienne, Édimbourg et Paris), ainsi que trois copies manuscrites et un recueil complet de témoignage. La SHPF possède en outre un manuscrit complet de la Restitutio, provenant des communautés unitariennes. Le mot restitutio, qui désigne une «instruction, qui fait le tour du cercle » des sciences humaines, est également un terme polémique : s’opposant à l’institutio (notamment celle de Calvin) de la Réforme magistérielle, Servet s’efforce de restituer le christianisme dans sa vérité première (celle du NT), se situant ainsi dans la proximité des «dissidents » et des «non-conformistes » que les Réformateurs appelaient anabaptistae (p. 43). La particularité de la

Restitutio est de juxtaposer plusieurs traités : les Erreurs sur la Trinité, les

Dialogues sur la Trinité, De la justice du royaume du Christ, ouvrages destinés aux Réformateurs allemands. Servet envoya également son ouvrage à Calvin qui ne vit en lui qu’une apologie de l’antitrinitarisme et de l’antipédobaptisme. La première partie de la Restitutio traite de la Trinité : les cinq premiers livres sont consacrés à l’homme Christ, fils unique, humain et divin ; ces livres se singularisent par les nombreux rapprochements qu’ils opèrent avec les cosmogonies orphiques, pythagoriciennes et hermétiques, ainsi que par une description de la circulation du sang dans les poumons. La deuxième partie est la refonte du traité De justitia regni Christi (1532). Traitant du thème paulinien de la justification par la foi sans les oeuvres, elle affirme la prééminence de la charité sur la foi. La troisième partie de l’oeuvre ouvre le second volume : il y est question de la régénération, de la perdition du monde et du règne de l’antéchrist ; elle comprend un traité sur la «vraie » circoncision, qui dénonce le pédobaptisme («une horrible et énorme monstruosité » , p. 1072), en tant qu’il empêche la participation au Repas du Seigneur, ainsi qu’un traité sur les ministères et leur efficacité (prédication de l’Évangile, baptême et Cène). La quatrième partie est constituée de trente lettres à Calvin – dont la première, célèbre, lui reprochant d’utiliser de façon métaphorique le titre de Fils de Dieu à propos de Jésus, et qui dénonce «le monstre à trois têtes » , la Trinité, les «faux dieux des trinitaires » (p. 1348) ; la neuvième fait valoir «que la foi se déclare par les oeuvres » (p. 1400) ; la dix-huitième porte sur l’existence de l’enfer, et la vingt-quatrième sur la supériorité de l’Évangile par rapport à la Loi mosaïque. L’Apologie à Melanchthon qui suit aborde deux sujets principaux : la nature et la filiation du Christ et l’attitude des premiers Pères à l’endroit du pédobaptisme. Le volume est complété d’indices (des noms, des notions, scripturaire), d’un glossaire «scholastique » («théologie dogmatique » conviendrait mieux) et biblique, ce dernier étant assez déconcertant, qui mêle des notions techniques

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