Couverture fascicule

T. Gautier [Michel Crouzet éd.], Les Jeunes France, Romans goguenards

[compte-rendu]

Année 1997 95 pp. 138-139
Fait partie d'un numéro thématique : Romans
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— T. Gautier, Les Jeunes France, Romans goguenards. Édition établie, présentée et annotée par Michel Crouzet, Séguier, 1995,232 p.

Il était souhaitable qu'une nouvelle édition des Jeunes France de T. Gautier vienne

remplacer celle de R. Jasinski, publiée en 1974 dans la collection « Nouvelle Bibliothèque Romantique » de Flammarion et devenue introuvable. C'est chose faite avec la parution chez Séguier du recueil de nouvelles présentées par M. Crouzet.

Le texte est celui de l'édition originale de 1833. Les variantes sont, à peu de choses près, les mêmes que celles qu'avait retenues R. Jasinski. Chaque texte est éclairé par des notes qui, pour être moins copieuses et moins pédagogiques que celles de l'édition Garnier- Flammarion de l'œuvre fantastique, sont le fruit d'une recherche minutieuse et érudite.

Le texte de présentation, d'une vingtaine de pages, intitulé « T. Gautier et le paradoxe du cliché » me paraît en discrète sous- conversation avec les voix de la critique récente, en particulier avec celle de P. Tortonese dont on regrette qu'il ne soit jamais cité. Il est vrai que le parti-pris de M. Crouzet n'est pas, dans cette édition, bibliographique.

Dans sa présentation, M. Crouzet rappelle le contexte historique et littéraire dans lequel est né le recueil qui est à la fois « un des premiers textes de caricature anti-bourgeoise » et un auto-portrait satirique. Il insiste sur l'intelligence résolument ironique du texte, le jeune écrivain, lui-même divisé entre la dépendance et la critique du passé, ne se souciant pas tant de se moquer que de trouver un juste équilibre entre « la rhétorique de l'éloquence » et celle « du blâme ». La réflexion sur le cliché, sur sa parenté avec l'archétype, sur la contestation et la reproduction dont il fait l'objet me semble toucher à un point fondamental et finalement peu traité de l'esthétique gautiéresque. J'hésite cependant à reconnaître à Celle-ci et celle-là toute la portée que M. Crouzet lui donne en conclusion de son étude. De même, le rapprochement souligné du tout jeune écrivain de vingt-deux ans avec le Flaubert de Bouvard et Pécuchet, très stimulant, peut paraître difficile à soutenir jusque dans ses dernières conséquences : la cruauté dont Flaubert est capable me semble plus violente que le cynisme, souvent émoussé en scepticisme, de Gautier. Ce sont au demeurant des remarques accessoires, au fil de la lecture, ne remettant nullement en cause l'intérêt du travail de M. Crouzet qui appelle à prendre Les Jeunes France au sérieux et à les relire pour y redécouvrir la modernité et le mordant

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