LES NYMPHES, IMAGES DE L’EAU SUR LES MONNAIES DES CITÉS GRECQUES

L’eau dans la cité grecque ? On sait l’importance que les Grecs lui accordaient. On a interrogé le médecin1, il faut lire les poètes. Le philosophe analyse les institutions tandis que l’archéologue reconstitue les travaux d’aménagement des eaux. Mais comment la cité se représentait-elle son eau, quelle place lui accordait-elle dans son imaginaire ? Il serait très difficile de répondre à la question si, fort heureusement, bon nombre de cités ne nous avaient laissé une série d’images d’elles-mêmes qu’elles avaient soigneusement composées, en y incorporant leurs traditions religieuses, leurs pratiques cultuelles, bien d’autres éléments de leurs activités. Ces images sont constituées par les deux types – droit et revers – de la monnaie, qui est à la fois un objet légal, nomisma – ce qui nous introduit dans le monde politique – et un objet utile, chrèma – ce qui nous plonge dans les échanges de la vie quotidienne. Les graveurs grecs ont réussi à représenter l’eau, fluide et transparente, notamment parce que, comme leurs concitoyens, ils la voyaient à travers les nymphes.

Nymphè, le mot désigne, écrivait P. Chantraine, la jeune fille nubile, mais aussi «des déesses de rang inférieur, résidant à la campagne, près des sources » 2. Ce sont en effet des divinités des sources. Un lien très fort entre les deux sens de jeune fille et de source était établi, notamment sans doute par le rite très populaire, qui préparait et symbolisait le mariage, la loutrophorie3. C’est alors que les jeunes