Frédéric Fortunel

Le café au Viêt-nam,

de la colonisation à l'essor

d'un grand producteur mondial

2000, Paris, Éditions de L'Harmattan, 172 pages.

Au sein du monde tropical, l'Asie s'est hissée ces dernières années au niveau de la deuxième grande région de production de café après l'Amérique du Sud. Ce succès est notamment dû à l'arrivée sur le marché de nouveaux producteurs comme le Viêt-nam qui s'est hissé entre 1987 et 1999 de la 31e à la 4e place mondiale. Cet essor impressionnant s'est effectué dans le cadre des réformes tant économiques que politiques amorcées à partir de la fin des années 70. Il ne peut toutefois s'expliquer uniquement par l'application de la politique de rénovation (Doi Moi). Pour tenter de comprendre le phénomène, le livre synthétique de Frédéric Fortunel fait appel à l'histoire en analysant le rôle et la place de la culture du café au Viêt- nam depuis la période coloniale. Il se penche également et surtout sur les impacts territoriaux et sociaux contemporains, tant au niveau des sociétés Viet que des minorités ethniques.

La première partie est ainsi consacrée à l'évolution des modalités de diffusion du café au Viêt-nam, de son introduction au XIXe siècle jusqu'à la fin des années 90, en passant par la période de rapprochement avec le bloc de l'Est et l'insertion dans le COMECON. L'analyse ne s'arrête toutefois pas à l'échelle nationale et s'intéresse également à la situation particulière de la province de Dak Lak, sur les hauts plateaux du Centre du pays, où est produite plus de la moitié du café national. Ce zoom permet de mieux saisir les enjeux territoriaux locaux et les mutations profondes des espaces ruraux vietnamiens.

Une deuxième partie affine plus avant l'échelle d'analyse et se penche sur le cas d'un village dans un district près de la ville de Buôn Ma Thuot, afin de mieux comprendre les différents types de stratégies des planteurs, selon leurs origines, revenus ou attitudes et de saisir les délicates relations qu'ils entretiennent avec l'administration et les plantations d'État.

La troisième partie se concentre plus sur les enjeux du café pour l'avenir du Viêt-nam. Y sont étudiés successivement les atouts et limites de la filière (pratiques culturales, difficulté à assurer une politique de qualité, rigidité des réseaux commerciaux), les risques environnementaux (problèmes phytosanitaires, importance de la deforestation, menace de déficit hydrique et érosion des sols)