Les céramiques communes dans leur contexte régional

TMO 60, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2012

Les céramiques communes à Délos à l’époque hellénistique tardive (IIe‑Ier siècles av. J. ‑C.)

Annette Peignard‑Giros 1

La production et la circulation des céramiques communes dans le bassin égéen à l’époque tardohellénistique sont encore mal connues, en raison, surtout, de l’absence d’ateliers de production identifiés. Ce type de matériel n’a été, pour l’instant, étudié qu’à partir des sites de consommation. Parmi ces sites de consommation, l’île de Délos occupe une place privilégiée, en raison, d’abord, de la grande quantité de matériel qui y a été mis au jour, et ensuite de sa datation bien établie. Le site antique a été bien conservé, et de nombreux quartiers d’habitations de la ville antique ont été explorés. Certains de ces quartiers ont subi une destruction brutale, que l’on date généralement de l’une des deux attaques subies par l’île en 88 et en 69 av. J. ‑C. 2. Ces destructions ont marqué, dans plusieurs secteurs, la fin de l’occupation des maisons, à l’exception de quelques cas de réoccupations sporadiques. Le matériel mis au jour dans la grande majorité des fouilles est donc datable de manière certaine de la fin du iie et du début du ier s. av. J. ‑C., et plus précisément de la dernière phase d’occupation des habitations, donc juste avant 88 ou 69 3.

Il faut d’abord définir ce que l’on entend par «céramiques communes » . Si l’identification comme telle des vases destinés à la cuisson des aliments ne fait pas problème, il n’en va pas de même pour d’autres catégories, comme les vases à verser par exemple. La fin de l’époque hellénistique est une période de généralisation d’un certain nombre de formes, comme les lagynoi, qui sont produites aussi bien dans des fabriques fines, vernies et/ ou décorées, que dans des fabriques plus sobres, relevant des catégories «coarse ware » ou «plain ware » . L’absence de vernis ou de décor ne signifie pas toujours non plus que les vases en question n’étaient pas destinés au service de table 4.

Les céramiques de type «plain ware » d’Athènes ont été récemment publiées par S. Rotroff (Rotroff 2006) ; elle inclut dans cette publication à la fois les marmites et autres céramiques de cuisson, et les vases non décorés. Elle a pu identifier trois fabriques locales pour cette dernière catégorie, et trois autres pour les vases de cuisson. Nombreux sont également les vases importés : fabrique corinthienne,

lagynos de Chios, plats phocéens, plats à four italiques… Mais plus de la moitié du matériel n’a pu être attribuée à aucune fabrique identifiable. Il apparaît cependant, qu’un quart de la totalité des vases en commune était importé, au minimum. À l’inverse d’une idée communément répandue, qui veut que la