G. Lemée. — Précis de Biogéographie. Masson, éditeur ; Paris, 1967 ; 358 p.
Aucun être vivant n'est uniformément répandu sur toute la surface du globe terrestre. La force interne d'expansion de chaque espèce est toujours limitée par l'influence d'un ou plusieurs facteurs du milieu extérieur. Connaître et délimiter leg aires vitales des communautés biotiques, savoir quelles sont les causes de tous ordres qui règlent ces répartitions, sont la substance du très intéressant «Précis de Biogéographie » que vient de publier le Professeur G. Lemée.
Sous ce titre commun, l'auteur regroupe en fait deux disciplines parallèles et complémentaires ; l'une, à l'échelle planétaire, est la biogéographie au sens Strict, «science de la distribution des êtres vivants Sur la terre », distribution passée (bio¬ stratigraphie) ou actuelle (chorologie) ; l'autre, à une échelle beaucoup plus localisée (prairie, ruisseau, voire tronc d'arbre, à propos duquel on a scrupule à parler de «géographie ») est l'écologie, «science des conditions d'existence de l'être vivant dans son milieu ». On ne saurait, par ce double objet, trop conseiller la lecture de ce volume tant aux étudiants naturalistes, qu'aux chercheurs confirmés ou tout simplement aux curieux des choses de la Nature.
L'ouvrage se partage en quatre parties. La première (66 pages) est consacrée à la biogéographie proprement dite ; l'auteur y étudie et décrit «la répartition géographique des organismes et ses causes (chorologie) ». Les titres des chapitres sont suffisamment évocateurs de leur contenu : 1) les moyens d'expansion des organismes ; 2) les aires de distribution géographique ; 3) les territoires faunis-tiques et floraux ; dans ce dernier Sont énumérées les zones (ou empires) de végétation.
Dans la seconde partie (126 pages), l'auteur aborde l'écologie, en décrivant «les facteurs du milieu et leur rôle dans la distribution et la vie des organismes ». Ces facteurs sont ici rangés en facteurs énergétiques (lumière et température), hydriques, chimiques, mécaniques (le vent, le mouvement de l'eau, etc.) et bio¬ tiques (interactions des êtres vivants entre eux, chaînes alimentaires).
A la troisième partie (46 pages) est réservée l'analyse des «communautés d'organismes ». Cette étude complète directement le contenu de la partie précé¬ dente, en intégrant l'organisme dans l'ensemble des êtres qui l'entourent au sein de groupements dynamiques, et qui tous ensemble sont tributaires des mêmes facteurs du milieu.
La quatrième partie enfin (93 pages) est une synthèse des trois parties pré¬ cédentes ; l'auteur y décrit les principales entités biologiques qui se partagent l'ensemble du globe, en regroupant les communautés vivantes dans leurs dif¬ férents grands domaines. Pour le milieu aquatique, sont énumérés trois types de grands milieux (marin, eaux douces non courantes et eaux courantes) ; le milieu terrestre, quant à lui, eât partagé en catégories correspondant à des types végé¬ taux bien déterminés (toundras, déserts, steppes, savanes, forêts, etc.). On regrette qu'il ne soit fait nulle part mention du domaine souterrain, d'où évidemment la végétation verte est absente, mais où vit cependant une communauté animale aquatique ou terrestre très spécialisée et adaptée uniquement à ce milieu inerte et sans lumière.
De très nombreux exemples et de multiples données descriptives ou chiffrées émaillent l'ensemble du livre ; l'auteur les puise surtout dans le règne végétal, mais les exemples animaux ne manquent pas. 121 figures illustrent très à propos le texte, complété de 16 planches photographiques, toutes montrant divers types écologiques de végétation. Un index alphabétique et une bibliographie générale terminent cet ouvrage que son style, agréable et d'une remarquable clarté, rend accessible, et utilisable par un large public. R Ginet.
