Couverture fascicule

Perrine Simon-Nahum, Les Juifs et la modernité. L’héritage du judaïsme et les Sciences de l’homme en France au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 2018

[compte-rendu]

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Perrine Simon-Nahum, Les Juifs et la modernité. L’héritage du judaïsme et les Sciences de l’homme en France au xixe siècle, Paris, Albin Michel, 2018, 330 p., ISBN 978-2-226-43915-4. L’écriture est incisive, précise. Le sujet en vaut la peine. Selon l’historienne Perrine Simon-Nahum, il existe un «paradigme juif de la science » (p. 16), plus particulièrement visible au cours du xixe siècle durant le long moment d’émergence des sciences de l’homme. Cette question n’est pas neuve. Nombreux ont été ceux qui ont voulu s’interroger sur le fait de savoir si et comment l’appartenance à une religion influe sur les manières d’observer, d’analyser, de questionner ou encore d’interpréter le monde. On pense de manière évidente ici au protestantisme et au rôle des savants expérimentateurs protestants anglo-saxons dans l’émergence de la science moderne. Mais avec son livre, Perrine Simon-Nahum nous oblige à un salutaire décentrement. Deux en fait. Ce n’est plus du protestantisme dont il est question, ni de la science prise dans son sens expérimental et «dur » , mais bien des savants juifs et des sciences de l’homme en France. Un pays où ses savants ont été très tôt émancipés (dès 1791) et purent ainsi prendre part à l’épanouissement du pays. La mise en contexte opérée par Perrine Simon-Nahum est scientifique, mais aussi politique et culturelle. Elle est surtout fondamentalement méticuleuse, circonstanciée, et lui permet de dessiner de nombreuses connexions. On ne compte plus les ramifications, les lignes de fuite envisagées qui, après la lecture de cet important livre, sont autant d’importants projets de recherches qu’il serait nécessaire de mener rapidement. Au milieu de ces nombreux parcours, Perrine Simon-Nahum a su choisir des trajectoires plus parlantes que d’autres en ce qu’elles montrent des évolutions, en ce qu’elles sont représentatives, surtout, de ce paradigme juif que l’on apprend à déceler dans les textes et les postures de ces savants. On se plait ainsi à découvrir, et parfois re-découvrir sous un nouveau jour, certaines figures oubliées de la mythologie comparée, de la linguistique et des sciences religieuses comme Adolf Franck, Salomon Munk, Jules Oppert, Samuel Cahen, Henri Weil ou encore Arsène Darmesteter, ce spécialiste de philologie romane qui voulut comprendre le langage comme une voie d’accès à l’inconscient collectif des peuples (pp. 174-175), ou encore Salomon Reinach qui, dans le champ de l’anthropologie du religieux, décida d’explorer la dichotomie tabou/ totem, tout comme Freud. L’apport de cet ouvrage pour l’histoire des religions est lui aussi central. Force est de constater en suivant les propos de Perrine Simon-Nahum avec quelle perspicacité les savants juifs ont élaboré, à l’ombre des savants protestants comme Albert Réville, Jean Réville et Maurice Vernes1, une histoire des reli

1 C’est ce que disait en substance Patrick Cabanel : «Il n’y a guère que des protestants et quelques juifs pour établir en France une nouvelle branche du savoir, elle-même en provenance des pays protestants d’Europe, au premier chef de Hollande » , voir Patrick Cabanel «L''institutionnalisation des " Sciences religieuses" en France (1879-1908). Une entreprise protestante ? » , Bulletin de la société d’histoire du protestantisme français 140 (jan-mars 1994), p. 78.

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