Couverture fascicule

Deux devants d’autel carolingiens de Saint-Martial de Limoges

[compte-rendu]

Année 2013 171-1 pp. 59-60
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Saint-Martial de Limoges

Saint-Martial de liMogeS. l’égliSe Saint-Pierre-du-SéPulcre d’aPrèS leS récenteS rechercheS archéologiqueS. – le tombeau de saintMartial et l’église Saint-Pierredu-Sépulcre, découverts lors de fouilles en 1960 et présentés dans une crypte archéologique, font depuis 2006 l’objet d’un programme d’études incluant une reprise des fouilles et une relecture des sources historiques. dans un article aussi clair que documenté, Xavier lhermite retrace les aménagements successifs de ce site insigne, depuis la nécropole périurbaine où saintMartial fut inhumé au ive siècle jusqu’à la destruction, à l’époque révolutionnaire, de l’église Saint-Pierre, bâtie immédiatement à l’est de sa sépulture. les plans du Xviiie siècle – notamment celui qui fut dressé en 1784 par l’abbé legros – montrent une petite basilique à nef unique, fermée par une abside semi-circulaire inscrite dans un chevet plat qui s’étend entre le bras nord du transept de l’abbatiale du Sauveur et une chapelle dédiée à saint Benoît. on sait peu de chose de la première église, dont la construction en petits moellons réguliers remontait sans doute à la fin du ve ou au début du vie siècle, sinon qu’elle possédait un chevet de plan rectangulaire dont le mur oriental épaulait une sépulture privilégiée : un sarcophage en calcaire couvert d’un toit en bâtière, abritant un autre sarcophage en plomb contenant lui-même un sarcophage miniature – sans doute un dépôt de reliques, mais de quel saint, on l’ignore ? une colonne découverte à l’angle sud-est laisse entrevoir l’existence d’un décor monumental. deux absides semi-circulaires devaient successivement être édifiées à l’intérieur de ce chevet rectangulaire, la première peut-être dès le viie siècle, vint recouper partiellement la sépulture privilégiée ; la seconde, construite sur un tracé légèrement différent et comportant une banquette en retrait supportant des pilastres, pourrait être mise en relation avec les travaux que les textes attribuent à l’abbé guigues (974-991), à moins qu’elle ne doive être datée du début de l’époque romane (les bases chanfreinées des pilastres ne constituant pas un indice suffisamment probant). après un incendie, un faux-appareil rouge sur fond blanc fut appliqué sur un nouvel enduit. ce décor devait être simplement restauré lors des remaniements de la fin du Moyen Âge : ouverture de grandes fenêtres à réseau, mise en place de contreforts biais aux angles du chevet, peut-être en relation avec l’établissement ou le remaniement d’une voûte. Si l’on en juge d’après le plan legros, la nef ne comptait pas moins de six portes communiquant au sud avec l’abbatiale et au nord avec la chapelle Saint-Benoît et le cloître, dont certaines étaient murées et dont l’existence reflétait la longue histoire de l’édifice. en revanche, on ignore où se trouvait l’accès primitif : avec prudence, l’auteur émet l’hypothèse que, comme à Saint-laurent de grenoble, celui-ci pouvait s’effectuer par la chapelle qui, à l’ouest, surmontait le sépulcre de saintMartial. – Xavier lhermite, «abbaye Saint-Martial de limoges. recherches en cours sur l’église Saint-Pierre-du-Sépulcre » , Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. cXl, 2012, p. 1-19. éliane vergnolle deuX devantS d’autel carolingienS de

Saint-Martial de liMogeS. – Jean-François Boyer avait consacré il y a quelques années un article très documenté sur les reliquaires et l’orfèvrerie de Saint-Martial de limoges 1. il aborde ici avec une égale érudition l’étude de deux devants d’autels en or, disparus en 1183 lorsque henri le Jeune, en guerre contre son père henri ii Plantagenet et son frère richard coeur de lion, puisa dans le trésor de l’abbaye pour payer ses soudards. l’inventaire des objets précieux prélevés et détruits fut soigneusement dressé par le chroniqueur geoffroy de vigeois, témoin des événements. celui-ci identifie de manière très précise deux devants d’autel en or : l’un d’entre eux, appartenant à l’autel de la chapelle du Sépulcre, construite sur le tombeau de saint Martial, à l’extrémité occidentale de l’église Saint-Pierre-du-Sépulcre, comportait cinq figures (tabula altaris Sancti Sepulcri, ubi erant imagines quinque). l’autre était celui de l’autel majeur de l’abbatiale, dédiée au Sauveur ; il représentait le christ en majesté entre les douze apôtres (mensa majoris arae, in qua errant sedes Majestatis cum duodecim apostolis ex auro purissimo). au terme d’une rigoureuse démonstration, l’auteur parvient non seulement à dater les deux antependia de l’époque carolingienne mais, du moins en ce qui concerne le second, à l’attribuer au troisième quart du iXe siècle, grâce à l’identification de son donateur, un certain hildebertus goionus, comme étant le fidelis de charles le chauve qui, en 876, reçut du roi une importante concession de terres fiscales (notons que ce personnage, qui pourrait avoir été à l’origine de la lignée des vicomtes de limoges, est connu par ailleurs pour avoir joué un rôle majeur dans la construction de l’abbatiale carolingienne). l’auteur montre l’importance stratégique de limoges pour les souverains carolingiens, dans leur laborieuse entreprise de contrôle de l’aquitaine. il s’intéresse notamment au palais royal de Jocondiacum (actuellement le Palaissur-vienne), bien localisé à proximité de la ville et où se tinrent plusieurs assemblées pendant le règne de louis le Pieux. ce palais dont l’existence était sans doute ancienne pourrait avoir été supplanté dans les années 830 par une autre résidence royale, située dans limoges même, peut-être à l’emplacement où sera érigée au

Xe siècle une motte vicomtale, c’est-à-dire tout près de Saint-Martial. cette hypothèse, déjà formulée par certains auteurs, tend à être accréditée par les découvertes archéologiques récentes. elle éclaire d’un jour nouveau la consécration, en 832, d’une église dédiée au Sauveur – une chapelle palatiale ? – et sa transformation, en 848, en abbaye observant la règle de Benoît d’aniane. c’est dans cette basilique que charles le chauve organisa le sacre de charles l’enfant comme roi d’aquitaine, en 855. d’où une question pertinente : ne serait-ce pas à cette occasion qu’hildebertus aurait fait réaliser un

antependium en or représentant une Maiestas Domini pour l’autel majeur, dédié au Sauveur ? le devant d’autel offert par charles le chauve à Saint-denis, ultérieurement transformé en retable et visible sur un tableau représentant la messe de saint gilles (londres, national gallery), permet d’évoquer plus précisément celui de limoges et de mieux le situer dans la production d’oeuvres somptuaires de l’époque carolingienne. 59 Chronique CHRONIQUE

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