Les représentans du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales écrivent de Bayonne, le 22 nivôse, la letre suivante :

«Par notre lettre du 15, nous vous avons fait part d’une petite action entre les Espagnols et nous, qui s’était passée le 11, et qui, comme à l’ordinaire, avoit tourné à votre avantage. De¬ puis, nos ennemis ont resté tranquilles dans leurs camps, et aucun mouvement de leur part n’a annoncé qu’ils eussent de nouveau l’envie de nous attaquer. Nos soldats, enflammés par l’exemple de leurs frères d’armes à Toulon et à Landau, brûlent d’impatience de devenir à leur tour agresseurs ; et ils se promettent de faire, sur la Bidassoa, un aussi bon usage du pas de charge et de la bayonnette, que leurs camarades vainqueurs de Toulon et de Landau en ont pu faire sur les bords de la Méditerranée et sur ceux du Rhin.

«Un navire hollandais de 180 tonneaux, des¬ tiné pour Saint-Sébastien, a échoué sur nos côtes : il étoit chargé de froment et de légumes ; le tiers environ de ces grains s’est trouvé un peu avarié et n’a pu être vendu, les deux autres sont de très-bonne qualité et seront versés dans les magasins de la République. Au moment où le navire échoua, les habitans de la commune de ce lieu, entraînés par un mouvement bien naturel, celui de se mettre à l’abri d’une disette qui les talonne et qui leur donne de vives in¬ quiétudes pour l’avenir, s’étoient rassemblés au¬ tour du vaisseau, dans l’intention de se distri¬ buer ce grain, qu’ils pensoient d’ailleurs devoir leur appartenir. Le commissaire que nous avions nommé pour le faire décharger, arriva au moment où la distribution alloit commencer ; il n’eut besoin, pour les faire renoncer à leur dessein, que de leur dire que ce grain appar-tenoit à la République, et aussi-tôt ces bons ci-