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De retour de Croatie et Slovénie

[autre]

Personne interrogée :
Interviewer :
Année 1993 66 pp. 28-31
Fait partie d'un numéro thématique : Clandestines malgré elles (automne 1993)
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Solidarité ex-Yougoslavie

De retour de Croatie et

Slovénie

Sura Dumaric est croate, journaliste, militante féministe et pacifiste. Elle est membre du Mouvement de la paix Suncokret et de l’Atelier pacifiste des femmes à Rijeka.

Jacqueline, militante féministe et syndicaliste, est allée cet été en ex-Yougoslavie. Elle raconte :

«Pour moi, la guerre en ex-Yougoslaoie est un choc permanent. J'ai du mal à imaginer comment des gens qui se sont côtoyés pendant des décennies en sont arrivés à se haïr, à perpétrer des massacres, des viols, alors même que la Yougoslavie était un état fédéral et qu'il existait dans la Constitution des garanties très fortes pour les minorités nationales. Syndicaliste, j'étais d'autant plus intéressée que la Yougoslavie avait opté pour l’autogestion, même s’il ne s’agissait pas d’une véritable autogestion. L’ex-Yougoslavie, ce sont aujourd’hui des républiques indépendantes dont la situation politique et sociale est très diversifiée et je voulais savoir s’il existait encore un mouvement social, des organisations syndicales indépen¬ dantes, si les militants se battaient contre la guerre et comment ? La décision d’un tel voyage n’était cependant pas évidente. Ce qui m’a décidée, c’est que je connaissais des gens à Ljubljana, Rijeka et que j’avais des adresses à Belgrade, Split, Zagreb, Dubrovnik. En définitive, je n’ai pu me rendre qu’en Slovénie et en Croatie.

J’y ai rencontré des syndicalistes (notamment le président de syndicats libres de Slovénie), des militants et militantes politiques, pacifistes, féministes qui luttent malgré les dangers et rêvent d’une société qui respecte «la fraternité, l'égalité, la liberté, la tolérance, la connivence ». Tous voulaient témoigner, expliquer, débattre pour que la situation dans l’ex-Yougoslavie soit mieux connue et pour, espèrent-ils, qu’une solidarité active se développe en France. »

♦ Peux-tu présenter ton organisa¬ tion ?

Sura Dumaric -Nous sommes un groupe pour la paix et contre la violen¬ ce, crée en 1991 contre la guerre en Slovénie. Nous avons collecté 15 000 signatures contre la guerre en sept jours à Rijeka, on a fait la même chose dans de nombreuses villes en Yougo¬ slavie. Mais il y avait en Croatie des groupes sociaux, les militaires, l'oli¬ garchie politique, qui voulaient la guerre. Nous avons mobilisé contre la guerre, mais c’était visiblement trop tard !

Notre groupe comprend cent membres à Rijeka : des citoyens croates, des Croates de Bosnie et des Musulmans. Il existe un autre mouve¬ ment à Split et à Zagreb. En Istrie, c’est l'«Alliance démocratique d’ Istrie » qui unit les initiatives paci¬ fistes, féministes, etc.

♦ Pourquoi un mouvement pacifiste ? Pouvez-vous agir ouverte¬ ment ?

S. D. -Il devient très difficile d’être pacifiste. Ce n’est pas acceptable par le pouvoir politique parce que, nous dit-on, la Croatie est la victime de la guerre. C’est vrai, mais ce n’est pas toute la vérité. Le pouvoir utilise les médias qui nous attaquent, nous calomnient, nous désignent comme ennemis, nous appellent «tchekniks ». C’est la même politique qui a été menée à Belgrade contre les pacifistes.

Notre nom complet est «Mouve¬ ment pacifiste et humanitaire Tourne¬ sol ». Ce n’est pas un camouflage, nous pensons quon ne peut pas agir ouvertement politiquement parce que la politique est fondée principalement sur le nationalisme qui finit en canni¬ balisme. Par contre on peut le faire sur le plan humanitaire, culturel, pacifiste. C’est l’unique moyen pour survivre. Il

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y a des idées, des mots dangereux : personne ne dit jamais qu’il est You¬ goslave, c’est dangereux. Il est dange¬ reux de contacter ouvertement les autres forces en Serbie, en Bosnie. Nous ne faisons pas de publicité ; les médias ne sont plus que des rouages de la politique du gouvernement et font rapologie du nationalisme, du religieux, etc.

♦ Que penses-tu de la situation en Croatie ?

S. D. -La démocratie est inexistante, nous vivons dans le fascisme. Le fas¬ cisme ne contrôle pas tout, mais il existe une manipulation énorme des valeurs. Ce fascisme est plus dange¬ reux que pendant la guerre où nous avons pu faire un front uni. Aujourd'hui, ce n’est pas facile parce qu’avec l’aide des médias, il detniit cnaque iour nos valeurs : fraternité, égalité, liberté, tolérance, etc. Chaque jour, c’est une destruction terrible.

♦ Tu appelles l’ancien gouver¬ nement fasciste également ?

S. D. -Les méthodes sont les mêmes. Aucun membre du parti n’adhère aux mouvements pacifistes. Seuls les anciens partisans sont avec nous. La nomenklatura a choisi la guerre pour consolider ses privilèges, ce qui n’est pas le cas en Slovénie.

En Croatie, en Serbie, les dirigeants de l’ancien parti communiste sont tous nationalistes, et quelques-uns fas¬ cistes. Il s’agit de la continuité du pou¬ voir par la violence ouverte. Ils ont invite des fascistes de la Deuxième guerre mondiale qui avaient quitté la Yougoslavie et évité la prison à la Libération. Maintenant, ils sont reve¬ nus, ils siègent dans les organes d’Etat. Ils forment un lobby aux Nations Unies, aux USA, etc.

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