Couverture fascicule

Antoine Becchi, Hélène Rousteau-Chambon, Joël Sakarovitch (dir.), Philippe de la Hire (1640-1718). Entre architecture et sciences, 2013

[compte-rendu]

Année 2014 172-4 pp. 360-361
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licences architecturales de Giulio Romano, est passé au crible par l’auteur qui met en exergue sa culture antique, toujours ponctuée de références françaises. Ainsi Lescot ne renonce-t-il jamais à la dynamique ascendante dans ses compositions ; par ailleurs, il aime combiner substance fluide des parois flamboyantes et rationalité des ordres. Remarquant que Lescot a vite abandonné la colonne libre, pourtant en vogue auprès des commanditaires français, préférant lui substituer pilastres ou lésènes au relief atténué, S. Frommel ouvre une piste en avançant l’hypothèse d’une possible limitation de l’emploi de la colonne aux seules églises ou résidences royales. C. Mignot consacre son article à l’ordre attique moderne, qui ne trouve pas sa source dans les traités d’architecture mais naît d’une réinterprétation originale des couronnements des arcs de triomphe. Singularité nationale, l’ordre attique, développé par le même Lescot au Louvre, repris par Jean Bullant à Chantilly, est mis à l’honneur par Salomon de Brosse au Luxembourg. Le prestige de ce chantier assura la diffusion d’un motif qui rappelait certainement dans l’imaginaire des maîtres d’oeuvre et maîtres d’ouvrage les lucarnes ornées dominant les façades françaises des siècles précédents. Cet élément, qui connut un grand succès au XVIIe siècle, couronne la lente élaboration du style classique en France. Enfin, A. Gady à partir d’un maigre corpus d’hôtels parisiens du

XVIe siècle encore conservés ou étudiés, tente une esquisse de la diffusion et de l’adaptation des ordres dans des constructions qui misent avant tout sur la beauté de l’appareil et le jeu des proportions, ou au contraire sur la profusion des bossages et des chambranles moulurés, davantage que sur des compositions savantes employant les ordres d’architecture. Ces riches contributions révèlent aux lecteurs les particularités remarquables de l’architecture des XVIe et XVIIe siècles en Europe. Chaque article témoigne du pouvoir de l’assimilation créatrice – pour reprendre une formule de Jean Guillaume – qui permit aux architectes et à leurs commanditaires d’inventer des oeuvres qui, bien que représentatives de la circulation européenne des idées et des formes, restent tributaires des modes et habitudes constructives nationales. Julien Noblet

claude miGNOt, Le château de Maisons,

paris, éditions du patrimoine, centre des monuments nationaux, nouvelle édition, 2013, 23 cm, 55 p., fig.. en n. et bl. et en coul., plans. -iSBN : 978-2-7577-0211-6, 7 €.

(Collection Itinéraires)

La nouvelle édition du Château de Maisons, la seule monographie consacrée au chef d’oeuvre de François Mansart était très attendue. La première édition parue en 1998, l’année du 4e centenaire de la naissance de l’architecte, était épuisée. Depuis cette date, des travaux nombreux ont été publiés sur le sujet, une thèse a été soutenue (Stefan Rath, «Schloss Maisons : Landsitz René de Longueil und königliche maison de plaisance » , Université de Bonn, 2011, accessible en ligne). En 2000-2001 d’importants travaux de restauration des deux vestibules et de l’escalier ont été entrepris au château et ses collections depuis lors augmentées. Il était temps de reprendre l’histoire de Maisons. L’esprit de la publication (un guide complet qui considère tout ce qui est présenté au visiteur) est inchangé mais la maquette a été rajeunie, la pagination augmentée de huit pages, le circuit de visite légèrement modifié, notamment dans les sous-sols, le texte revu, ainsi qu’une partie de l’illustration. La chronologie de la construction, très reconsidérée, s’appuie sur le poème Maesonium illustrissimi viri Renati de Longueil d’ Abraham Ravaud, professeur d’éloquence au Collège de France, précepteur des enfants Longueil de 1636 à 1646, découvert en 1986 par P.-Y. Louis, qui en a fait l’objet d’une exposition et interprété pour la partie jardin par S. Cueille (Maisons Laffitte, parc, paysage et villégiature, Paris, 1999, p. 31, notes 26-29). Ce long poème tout à la louange du maître de Maisons et de son nouveau château parfaitement décrit, induit la date de 1643 comme celle de l’achèvement du gros chantier, date longtemps débattue qui faisait considérer la description des lieux comme une oeuvre en partie d’imagination. L’état initial ordonné par René de Longueil est restitué avec précision, ce qui aide à juger des transformations du château et du domaine jusqu’à aujourd’hui. Plus didactique que dans l’édition précédente, l’étude des «dehors » du château fait la part belle aux ordres et détaille les deux façades. La description des «dedans » est très différente de celle de 1998 en raison des découvertes récentes. En effet, en 2000-2001, les sols d’origine des vestibules ont été restitués ; la voûte du second vestibule cachée sous un faux plafond a été dévoilée. La nouvelle édition du Château de Maisons présente aussi l’appartement à l’italienne remeublé en s’appuyant sur l’inventaire après-décès de René de Longueil (1677). La fonction des pièces au

XVIIe siècle est ainsi mieux établie que précédemment, précision qui complète la description du décor peint et sculpté qui seule apparaissait dans la précédente édition. Les toiles commandées par Jacques Laffitte en 1820, récemment remises en place, ne sont pas oubliées. Autre nouveauté, le cabinet aux miroirs bénéficie d’une longue étude mettant en valeur son caractère exceptionnel. Dans l’aile droite du château, comme pour l’appartement à l’italienne, l’accent est porté sur la fonction des pièces, mettant plus particulièrement en valeur que dans l’édition précédente l’appartement du comte d’Artois. Le mobilier et les tableaux des appartements modifiés aux XVIIIe et XIXe siècles sont soigneusement décrits, facilitant la compréhension de l’appartement de la reine au premier niveau réaménagé par le maréchal Lannes et celui dit de la Renommée, au rez-de-chaussée, transformé en appartement à manger sous le comte d’Artois. Une incursion dans les sous-sols au niveau du fossé introduit dans les cuisines et dans la chambre des bains, pièce difficile à comprendre ayant été tranformée en cuisine après René de Longueil. Les témoins de sa fonction initiale, cuve des bains et alcôve, sont en effet oblitérés par un four à pain et un fourneau potager. L’appartement au rez-de-chaussée de l’aile gauche, était occupé primitivement par René de Longueil. La fonction des pièces est bien restituée dans leur état au XVIIe siècle, toujours à l’aide de l’inventaire après-décès de 1677. Les tableaux exposés sont mis en valeur par le texte. Tout comme le cabinet aux miroirs, le cabinet d’étude bénéficie d’une analyse approfondie qui redonne son sens à une pièce longtemps négligée. Enfin l’auteur aborde le sujet de la pièce-chapelle, actuel vestibule d’accueil, sujet encore peu étudié hormis par l’auteur luimême et J.-P. Babelon («Notes sur les pavillons latéraux et la chapelle de Maisons » ,

Les Cahiers de Maisons, n° 27-28, décembre 1999, p. 96-99). Les recherches sur le château continuent, des ouvrages sont en préparation, preuve que le monument n’a pas encore dévoilé tout son passé, preuve aussi de sa place dans l’histoire de l’architecture et preuve enfin de l’intérêt de ce genre de monographie qui offre au grand public le point à un moment donné sur la recherche toujours en renouvellement. Béatrice Vivien

antonio BEccHi, Hélène rOuStEaucHamBON, Joël SakarOvitcH (dir.),

Philippe de la Hire (1640-1718). Entre architecture et sciences, paris, picard, 2013, 24 cm, 329 p., fig. en n. et bl., index des noms de personnes. -iSBN : 978-2-7084-0942-2, 39 €..

«Il est vrai qu’il faut d’ailleurs un goût que le physicien peut bien n’avoir pas. » Voilà posée par Fontenelle toute l’ambiguïté du personnage de Philippe de La Hire et du recueil qui lui est consacré : le goût, que Fontenelle juge Bibliographie

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