Michel Lemire, Artistes et mortels. Phot. B. Faye, préf. de E. A. Cabanis (Paris : Chabaud, 1990), 21,7 x 28,7 cm, (8)-447 p., index, bibliogr., ill. et phot. n. et bl. et couleurs.

L’ouvrage que Michel Lemire a consacré à l’histoire des cires anatomiques sur près de trois siècles est remarquable à plus d’un titre. Magnifiquement illustré, il retrace avec beaucoup de précision l’évolution des techniques de la céroplastie, analysant les matériaux utilisés pour ces préparations artificielles et l’art des injec¬ tions. Il met en évidence la supériorité de la cire sur les autres procédés, en raison des possibilités polychromiques qu’elle recèle et de l’illusion de la chair humaine vivante qu’elle procure. Car à travers l’ample documentation qui est fournie sur ces techniques et le travail des artistes (artistes autant qu’artisans), ce sont aussi les transformations esthétiques et scientifiques dans les représenta¬ tions du corps qui sont en jeu. Michel Lemire montre bien par exemple comment la découverte de la circulation du sang par Harvey donne une impulsion fonda¬ mentale aux injections mercurielles des différents vaisseaux (artériels, veineux, capillaires et lymphatiques), et comment l’évolution des conceptions de la vie, le goût pour le visible qui va parfois jusqu’au naturalisme, modifient les repré¬ sentations du corps, d’une stylisation pudique jusqu’à des images criantes de vérité. Ainsi sont présentées différentes interprétations du motif de l’écorché et analysées les diverses modalités de la représentation : son effet et sa signification