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Une querelle médicale du début du XIXe siècle : infectionnisme et contagionnisme, ou l’ambiguïté du rapport entre raison et progrès

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Une querelle médicale du début du XIXe siècle : infectionnisme et contagionnisme, ou l’ambiguïté du rapport entre raison et progrès

Grégory BERIET doctorant ATER à l’université de La Rochelle

«Rien n’est plus difficile que d’écrire l’histoire, lorsqu’on ne veut que la vérité, mais toute la vérité. Par l’histoire contemporaine, on peut conclure au peu de confiance que mérite celle du passé. Il en est bien autrement encore lorsque l’histoire doit s’occuper de la science médicale et de ses résultats pratiques. Chaque théorie, chaque médecin veut s’appuyer sur des faits ; il les appelle à son aide et les voit à sa manière, et vous répète qu’il a vu, qu’il a observé : c’est moins là ce dont il faut s’enquérir que de son aptitude à voir, à observer […] Qu’y a-t-il d’étonnant que le médecin ne confesse pas ses fautes ? On ne peut avouer des erreurs que l’on accuserait de meurtre1. »

Les médecins du XIX e siècle, si prompts à dénoncer les approches dogmatiques, éprouvent en revanche les pires difficultés à admettre le constat dressé aussi brutalement par Caffe après l’épidémie de choléra de 1832 : la médecine tue. Effectivement, cette affirmation paraît délicate à soutenir, les médecins ayant, à l’instar des juges, une responsabilité particulière vis-à-vis de l’erreur de diagnostic2. Néanmoins, la concomitance des progrès et des errements thérapeutiques, souligne une spécificité épistémologique de la médecine : l’importance des effets iatrogènes dans l’amélioration des soins et des diagnostics. Dans la première moitié du XIX e siècle, c’est notamment autour du problème de la nature des épidémies que le corps médical se divise. Deux écoles se font face : les infectionistes et les contagionistes. A priori la division tient de la «querelle de jésuites » . Cependant, l’histoire linguistique de ces deux mots en caractérise assez bien les raisons. Infection renvoie à la souillure (infectio, 1314), et à l’ingestion par l’organisme de germes pathogènes. Contagion en revanche provient de l’expression «tangere » , qui signifie toucher. Dans un cas l’absorption par le corps, dans l’autre le contact de corps à corps. Avant que Claude Bernard et Pasteur parviennent à démontrer la possibilité d’une contagion à la fois directe et indirecte, les médecins se disputent pour savoir si le développement des épidémies, notamment celles de fièvre jaune et de choléra, s’explique par la putridité des lieux, et les émanations de miasmes des matières en décomposition, ou alors par la contamination provoquée du fait de la multiplication des contacts entre personnes saines et malades. D’un côté, les infectionistes mettent l’accent sur les réalités topographiques et hygiéniques, et de l’autre, les contagionistes stigmatisent le rôle de la densité urbaine dans l’éclosion et la propagation des épidémies, défendant vertement la nécessité d’orienter la médecine dans une perspective prophylactique. Désinfection d’un côté, quarantaine de l’autre : la réconciliation s’opère lorsque Pasteur conjugue virologie et asepsie. Ce conflit scientifique recouvre des réalités sociales, politiques et culturelles importantes. Surtout, il nous donne des clés d’entrée pour appréhender cette société française du début du XIX e siècle, pour peu que l’on prenne le parti d’analyser la cohérence des erreurs

1. Caffe, Considérations sur l’histoire statistique et médicale du choléra-morbus de Paris, p. 5. 2. Sur l’erreur judiciaire et ses implications C. Ginzburg, Le juge et l’historien : considérations en marge du procès Sofri, p. 101.

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