Herriot (Edouard), Europe. Paris, Editions Rieder, 1930,278 p.

in-16.

Il y a deux choses dans le joli, l'aimable volume de M. Herriot : une étude géographico-historique ; une thèse de politique internatio¬ nale. Nous ne pouvons nous occuper ici que de la première.

Elle prend pour cadre ce que la géographie scolaire appelle le con¬ tinent européen. Nous avons eu l'occasion jadis (2) de dire ce que nous pensions de cette expression géographique. Nous ne croyons pas que, depuis, les événements nous aient donné tort, et nous craignons bien qu'un certain nombre d'échecs aient eu pour cause originelle une définition défectueuse, qui d'une part ne convient pas à tout ce que l'on veut inscrire sous cette rubrique, qui de l'autre ne couvre pas tout le défini. Je continue à demander où, depuis 1917 tout au moins, se trouve la frontière orientale de l'Europe, et si Paris ou Londres n'ont pas plus d'affinités avec Buenos-Ayres ou Montréal qu'avec Kiev ou Moscou, voire avec Istamboul.

Il me semble d'autre part que M. Herriot, comme avant lui mon savant collègue M. Demangeon, confond deux choses : le déclin de l'Europe, la vieille Europe occidentale et un peu centrale, menacée par la concurrence des pays situés hors du continent proprement européen ; la situation des populations de civilisation européenne (qu'elles soient placées de ce côté ou de l'autre des océans), menacées (dans leur suprématie par des civilisations différentes de celle que nous considérons comme la plus parfaite. Ce sont deux phénomènes très différents. L'un et l'autre sont dominés par un phénomène cen¬ tral que l'expansion européenne a précisément préparé depuis