Couverture fascicule

Le triptyque de la relation formation-emploi

[éditorial]

Année 2005 89 p. 1
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Le triptyque de la relation formation-emploi

LJ hérédité sociale est prépondérante dans l'accès à l'emploi. Cela est d'autant plus vérifié pour les professions d'indépendants où le coût d'entrée est élevé, comme ? nous le rappelle Alexandre Mathieu-Fritz pour les huissiers de justice. Pourtant, certains individus extérieurs à ce milieu par leur origine décident de l'intégrer et y parviennent, dans des conditions certes moins favorables. L'imitation peut alors fortement modeler les comportements.

Ainsi, la poursuite d'études concerne l'ensemble des jeunes, y compris ceux qui avaient choisi de quitter l'école pour l'entreprise via l'apprentissage. Gilles Moreau voit dans ce paradoxe de l'apprentissage la réappropriation du modèle lycéen ou étudiant par les jeunes des milieux populaires. À l'inverse, pour Isabelle Coûtant, s'extraire du groupe de pairs, de la bande de la cité est essentiel pour certains jeunes « sans avenir ». Ces jeunes parviendront à s'insérer socialement et professionnellement d'autant plus qu'ils s'appuieront sur un encadrement qui les fera accéder à des ressources nouvelles, notamment à la formation. Ces ressources leur permettront de sortir du quartier et de ses manières d'être, et rendront possible un autre avenir.

Ensuite, le comportement des entreprises locales, les ressources disponibles, la zone géographique dans laquelle s'insèrent les jeunes conditionnent fortement les processus d'accès à l'emploi. Éric Cahuzac, Stéphane Caprice et Cécile Detang-Dessendre nous montrent comment l'impact de la formation continue sur les conditions d'emploi varie selon les zones urbaines ou rurales.

Enfin, l'offre de formation et l'orientation représentent un autre facteur déterminant de l'insertion professionnelle, notamment en conduisant à reporter ou non l'entrée sur le marché de l'emploi et à modifier le niveau d'études correspondant. Fabienne Maillard nous retrace l'évolution de la politique du ministère de l'Éducation nationale concernant le CAP et son rôle. D'abord central dans la régulation du marché du travail, via les conventions collectives, le CAP a ensuite été remis en cause, pour aujourd'hui faire l'objet d'une tentative de réhabilitation.

Au-delà de l'introuvable adéquation binaire formation-emploi, ce numéro chemine dans l'ensemble du triptyque constitutif des relations entre formation et emploi. Ainsi, il propose un éclairage sur la politique éducative, sur les stratégies des entreprises et leurs spécificités territoriales, enfin, sur le comportement des jeunes dans leur cadre familial.

Jean-Frédéric Vergnies,

rédacteur en chef