Un aventurier Bas-Breton à la conquête du Nouveau Monde : Troilus de Mesgouez

Si les premiers représentants du roi de France au Canada sont bien connus, il n’en est pas de même pour le troisième d''entre eux, nommé Troilus de Mesgouez. Personnage peu banal, il ne fit que quelques tentatives pour venir sur place exercer ses hautes fonctions dans des terres encore mal connues et alors en cours de peuplement. Il mena une vie relativement longue pour l’époque, soixante-dix ans, faite d’alternance de bonnes et de mauvaises fortunes. Cadet de famille peu favorisé au départ, il s’efforça de réunir une certaine opulence, sut attirer sur lui les faveurs royales et se fit attribuer des titres honorifiques importants avant de sombrer dans la disgrâce, pour finir dans l’oubli le plus total. Par trois fois, il s’embarqua pour participer à la conquête du nouveau monde dans l’espoir de s’enrichir, mais il échoua lamentablement à chaque tentative.

Le personnage

Comme celles de bon nombre de ses contemporains, la vie de Troilus de Mesgouez fut constamment agitée. Perpétuellement obnubilé par de gros besoins d’argent, afin de satisfaire ses goûts pour les larges dépenses, il fut constamment en quête d’honneurs et de charges lucratives. Mais aussi il s’impliqua dans les querelles religieuses et politiques de l’époque, ce qui contribua fortement à lui bâtir une réputation sulfureuse, peut-être imméritée, si l’on prend la peine d’y regarder à deux fois.

Une famille d’ancienne noblesse

Connue depuis 1350, la famille de Mesgouez1 était originaire de Lamber, petite paroisse de quelques centaines d’âmes, située non loin de la côte occidentale de l’évêché de Léon, sur les rives de la mer d’Iroise. Le premier membre de la famille que l’on connaisse vivait au milieu du XIVe siècle et se nommait Hervé du Mesgouez. Il était désigné comme étant légataire du vicomte de Rohan en 1363. Son fils, Bernard du Mesgouez, figurait en qualité d’écuyer dans la montre de 1378. La famille de Mesgouez portait des armoiries qui se blasonnaient «d’or au chevron d’azur, accompagné de trois trèfles de gueules » 2 et leur devise disait fièrement «Rien de trop » . Jehan [ III] de Mesgouez, épousa en 1485 Azelice de Kerguiziau, mais disparut sans héritier mâle. Ce fut donc sa fille, Catherine de Mezgouez, épouse en 1503 d’Hervé de Keroulas, qui hérita du manoir. Décédée elle-même sans héritier, ce fut une tante, Marie de Mesgouez, épouse en 1483 de Jehan de Kerlech, sieur du Quinquis, qui devint propriétaire et, à sa suite, leur fils, Robert de Kerlech, qui épousa Marguerite de