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Giunta Roberta, Les inscriptions funéraires de Gazni (IVe-IXe / Xe-XVe siècles). Napoli, Universita degli studi di Napoli «L’Orientale» (Dipartimento di Studi Asiatici, Series Maior VIII), 2003

[compte-rendu]

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BCAI 22 – 2006 119 V. Arts et archéologie

Giunta Roberta, Les inscriptions funéraires de Gazni (IVe-IXe / Xe-XVe siècles) [ Monik Kervran]

Giunta Roberta,

Les inscriptions funéraires de Gazni (ive-ixe / xe-xve siècles)

Napoli, Universita degli studi di Napoli «L’Orientale » (Dipartimento di Studi Asiatici, Series Maior VIII), 2003. 500 p. et CXVII pl.

Dans cet impressionnant volume grand in-4 º (25 x 32 cm) de 500 p. et 117 planches n. et b., Roberta Giunta présente 77 tombeaux ou fragments de tombeaux, tous en marbre blanc, provenant de la ville de flaznî et datant du ive au ixe siècle / xe-xve siècle. L’ouvrage, dédié à la mémoire d’Alessio Bombaci, est la thèse que l’épigraphiste italienne fit sous la direction de Solange Ory à partir de la documentation funéraire – pierres tombales et fragments inscrits – recueillie dans la ville afghane par A. Bombaci et U. Scerrato de 1957 à 1966, puis, seulement par le second jusqu’à 1979. C’est en marge de la fouille du palais du fiaznawide Mas © º d, par la mission italienne, que cette documentation épigraphique a été réunie. L’auteur de l’ouvrage explique qu’en raison du temps très limité consacré à cette collecte aucune carte de localisation des tombes et fragments inscrits n’a pu être dressée, le seul croquis de la ville et ses environs qu’elle soit en mesure de présenter (p. 6) étant un croquis provenant du Survey of India (Calcutta, 1878). Ce plan n’est pas orienté et il est peu exact (si on le compare avec la carte sommaire de W. Ball,

Archaeological Gazetteer of Afghanistan, II, p. 24) et il porte une nomenclature ne permettant pas de localiser les nécropoles mentionnées par R. G. Tout en reconnaissant la difficulté de dresser une carte topographique de flaznî entre 1957 et 1979, on ne peut qu’amèrement regretter, en raison des événements subis depuis par cette région, que tout n’ait pas été mis en oeuvre pour réaliser un plan topographique, même sommaire, qui aurait été un complément essentiel à cette belle étude (R. G. mentionne, note 41, que la mission italienne disposait d’une photo aérienne de 1950). C’est en 1923 qu’une première attention avait été portée aux vestiges funéraires de flaznî lorsqu’André Godard, directeur de la DAFA, «eut la permission de visiter les monuments de flaznî, ainsi que les ziyæra/ s et les tombeaux situés dans la ville et dans ses alentours » . Il communiqua ses photos à l’épigraphiste Samuel Flury qui révéla l’intérêt et la qualité remarquable des inscriptions de cette ville. L’essor de flaznî est lié à la fortune de l’esclave turc

Ælptigîn, ancien commandant en chef de la garde sæmænide.

La ville connut un développement somptueux grâce aux butins rapportés par les flaznawides de leurs expéditions-rapines dans le sous-continent indien. Le palais-ville royal construit par Mas © º d III en 505/ 1112 et fouillé par la mission italienne, ainsi que les superbes minarets de Mas © º d III et de Bahræm Ωæh sont parmi les nombreux monuments qui embellirent la ville et ses alentours sous cette dynastie. Le tombeau de Sebüktigîn (366-387/ 977-997), quatrième successeur d’Ælptîgin et fondateur de la dynastie, s’élève au nord-est de la ville, sur les pentes des collines qui relient la madina au village de Raw∂ a, dans un petit mausolée édifié au xxe siècle. Son fils MaÌm º d fut aussi enterré à

Raw∂ a comme le furent plus tard Mas © º d et Ibræhîm, et cette nécropole comptait (compte-t-elle encore ?) de très nombreux mausolées et ziyæra/ s fiaznawides, mais aussi

fi º rides et tîmurîdes. Une de ces ziyæra/ s fut transformée en musée, lapidaire en particulier, en 1966. Un autre cimetière – le Bæfi-i Bih‡ t – se trouvait à l’ouest de la ville et un autre au sud-ouest, tous deux comptant des vestiges funéraires des ve-vie/ xie-xiie siècles. Un seul cimetière, celui de l’Arg, se trouvait à l’intérieur de l’enceinte, près de la mosquée

Ab º l-FatÌ. Mais en dehors de ces nécropoles, de nombreux fragments inscrits étaient disséminés sur les collines et les plaines qui entourent l’ancienne ville. Le catalogue des tombeaux et fragments d’inscriptions funéraires, présentés siècle par siècle, constitue l’essentiel du volume, de la page 19 à 319. Chaque notice contient une description de la tombe – un socle à degrés surmonté d’un deuxième socle prismatique et celui-ci d’un bloc de couronnement, généralement en dos d’âne. Le texte arabe des inscriptions est intégralement reproduit et leur traduction en français est suivie d’une analyse de leur contenu, de leur tracé et de leur ornementation. Une bibliographie accompagne chaque notice. Un seul tombeau date du ive/ ixe siècle, celui de l’émir

Ab º ManÒ º r Sebüktigîn, fonctionnaire le plus élevé du palais et de l’armée sæmænide, mort près de Bal≈ en ‡ a © bæn

387/ 997. Sa tombe est formée d’un haut socle à parois lisses et verticales, surmonté de quatre degrés, dont le plus haut porte une inscription sur ses quatre côtés, et d’un couronnement à deux inscriptions sur ses longs côtés et triple moulure au sommet. L’ensemble des inscriptions de la tombe, qui ne porte pas de date, «révèle une certaine sécheresse : deux ‡ ahæda “ développées” proclamant l’immensité et la majesté de Dieu figurent sur les deux faces du couronnement ; la basmala, deux versets coraniques, le nom du défunt – composé des titres, de la kunya et du ism-

et une invocation implorant la miséricorde de Dieu – sont sculptés sur les quatre faces du socle prismatique » (p. 22). Ces inscriptions, parmi les plus anciennes connues en Iran oriental, ont des caractères anguleux et rigides aux hampes à terminaisons triangulaires, extrêmement sobres et élégantes, tout comme le décor de rinceaux qui orne les extrémités du couronnement de la tombe. Trois décennies plus tard, le tombeau d’Ab º l-Qæsim MaÌm º d, qui donna aux conquêtes de son père leur plus grande expansion vers l’Inde et vers la Perse, révèle une évolution considérable de l’art funéraire. Le tombeau se trouve aujourd’hui dans le mausolée moderne qui a remplacé celui que Mas © º d édifia sur la tombe de son père, dont seules subsistent aujourd’hui les portes de bois sculpté, conservées, ironie de l’histoire, au musée d’Agra : comme si les Britanniques avaient vengé l’Inde des pillages de

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