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Editorial

[éditorial]

Année 2008 105 pp. 2-3
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No 2 0 0 8 / 4 A lors que les campagnes ont occupé une place centrale dans l’histoire de la Chine du XXe siècle en servant de base pour l’essor et la mise en application de la révolution communiste, le XXIe siècle chinois sera dominé par les villes et par les transformations majeures liées à l’urbanisation. Il est vrai que jamais dans l’histoire humaine un phénomène d’une telle ampleur n’a été enregistré, a fortiori sur une période aussi courte. Les chiffres parlent d’eux mêmes : la population urbaine chinoise (officiellement enregistrée) a augmenté de 422 millions, passant de 172 millions en 1978 à 594 millions en 2007. À ce chiffre vertigineux, il faudrait ajouter près de 148 millions de personnes provenant des zones rurales qui résident dans les villes, mais qui ne sont pas comptabilisés comme des citadins dans les nomenclatures statistiques chinoises. Du côté de l’infrastructure physique, les chiffres sont tout aussi impressionnants. On compte aujourd’hui 2,4 fois plus de villes qu’en 1978, avec 655 villes contre 193 il y a 30 ans (villes au niveau du district ou supérieur dans la hiérarchie administrative chinoise). Le nombre de villes dépassant le million d’habitants a été multiplié par quatre depuis 1978, passant de 29 à 119 durant cette période. Désormais, 20 villes ont une population supérieure à cinq millions d’habitants, avec parmi elles cinq mégalopoles de plus de dix millions. La ville de Shenzhen qui a servi de terrain d’expérimentation du capitalisme à la chinoise en se voyant octroyer le statut de zone économique spéciale en 1979, a vu sa population multipliée par 33, passant de 310 000 habitants en 1978 à un peu plus de dix millions aujourd’hui. De surcroît, ce mouvement d’urbanisation de la société chinoise semble loin d’être terminé. Les projections officielles indiquent un taux d’urbanisation qui devrait atteindre 60% d’ici 2025, puis 70 % en 2030, soit une progression un peu moins rapide que durant les trente dernières années (1 % en rythme annuel, contre 4 % entre 1978 et 2007), mais qui se traduira tout de même par une population citadine supplémentaire de près de 400 millions de personnes. En 2030, le cap symbolique d’un milliard de citadins chinois sera franchi ! Il est même possible que ce rythme soit sous-estimé par les autorités, compte tenu de l’attrait des villes pour les habitants des zones rurales et des évolutions structurelles nécessaires de l’agriculture chinoise (concentration des terres agricoles, mécanisation, gains de productivité). Face à un phénomène d’une telle ampleur, beaucoup de pays en voie de développement auraient été totalement débordés. Les exemples contemporains de l’Inde, du Brésil, ou de l’Egypte pour n’en citer que quelques uns, où l’État a le plus grand mal à accompagner cette migration humaine, sont éloquents. Malgré les limites inhérentes aux comparaisons historiques, les population des villes anglaises décrites par Dickens au moment de la révolution industrielle n’étaient pas mieux loties. La situation des villes chinoises est donc sur bien des points beaucoup plus satisfaisante que dans bon nombre d’autres pays en voie de développement ou de pays occidentaux au moment de leur décollage industriel. Au point même que la Chine est souvent citée en exemple, en matière d’urbanisation, dans l’enceinte de l’Organisation des nations unies. Ce succès n’est cependant pas uniforme. La gestion des autorités chinoises du processus d’urbanisation a largement échoué à contenir les problèmes de pollution de l’air, de l’eau, et du traitement des déchets. Par ailleurs, elle a reposé sur des restrictions des libertés fondamentales des paysans chinois en matière de résidence et d’accès aux biens publics dans les villes comme l’éducation ou la santé. Mais au delà des réussites et des échecs, l’urbanisation en Chine a été, et continuera à être dans les décennies à venir, un laboratoire à ciel ouvert d’expérimentations sociales, politiques et économiques via des politiques prônées par l’État, mais également via de nouvelles pratiques générées par les actions des citadins. Afin de mieux saisir l’importance de ce phénomène dans l’évolution de la Chine contemporaine, l’équipe de rédaction de Perspectives chinoises a décidé de consacrer un dossier spécial aux villes chinoises. Une analyse générale de l’urbanisation proposée par Jean-François Doulet ouvre le dossier. L’auteur observe et décrypte la structuration des villes chinoises via les prismes de l’hypermodernité, de la contestation sociale et de la régulation par l’État. L’article de Nicolas Douay examine à travers le cas de Shanghai les évolutions des pratiques de l’urbanisme depuis 1949, en insistant plus particulièrement sur la période récente au cours de laquelle la capitale économique de la Chine a été profondément modifiée. Il s’interroge notamment sur l’émergence d’une nouvelle pratique de l’urbanisme en Chine, plus «harmonieuse » , qui donnerait plus de voix aux différents groupes sociaux touchés par les plans de rénovation et d’aménagements urbains. L’article de Ting Xu et de Tim Murphy revient sur les principales étapes de la privatisation de la propriété foncière et de l’immobilier qui constituent des domaines majeurs de la réforme économique et qui restent malheureusement peu étudiés dans la littérature académique. Les auteurs analysent plus particulièrement le développement du marché immobilier sur des zones foncières à cheval entre l’urbain et le rural, phénomène qui pose toute une série de questions sur l’évolution du droit de la propriété privée en Chine ainsi que sur la séparation entre les villes et les Editorial perspectives

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