COMMUNICATION

LES ÉCRITURES MÉSOAMÉRICAINES (AZTÈQUE ET MAYA) : ORIENTATIONS ACTUELLES DE LA RECHERCHE, PAR MM. MARC THOUVENOT ET JEAN-MICHEL HOPPAN

Introduction

De nos jours encore, les familles linguistiques maya et nahua sont au Mexique les familles de langues amérindiennes dont le nombre de locuteurs est le plus élevé. Avec quelques autres familles de langues mexicaines, celles-ci ont en commun que, dès les temps précolombiens, des systèmes graphiques de mises en signes furent développés par leurs locuteurs afin d’en représenter, de façon plus ou moins complète, des discours. Parmi ces systèmes, celui que l’on a convenu d’appeler l’écriture maya est celui qui fut élaboré et employé entre le IVe siècle avant J.-C. et le XVIIe siècle par les populations de la péninsule du Yucatán, tandis que son homologue nahua, c’est-à-dire l’écriture aztèque ou écriture nahuatl (qui fut utilisée du XIVe au

XVIIIe siècle), était l’écriture des Aztèques, dont le centre politique était le bassin de Mexico, là où se trouvaient les trois capitales Mexico, Texcoco et Tlacopan. Avec leurs homologues, comme l’écriture dite zapotèque (élaborée dans le bassin de Oaxaca), ces écritures apparaissent comme un des traits distinctifs de la Mésoamérique, une aire culturelle qui fut ainsi dénommée par Paul Kirchoff il y a une soixantaine d’années et qui comprend non seulement la plus grande partie du Mexique actuel, à l’exception des régions septentrionales, mais aussi quelques pays voisins vers le sud-est (fig. 1). Les écritures de cette aire, qui regroupe, par un certain nombre de tels traits, des peuples linguistiquement et culturellement très divers en fait, sont en outre indissociables d’une autre spécificité fondamentalement mésoaméricaine : l’emploi d’un calendrier divinatoire aux cycles de 260 jours. Ces écritures mésoaméricaines partagent d’autre part le fait d’être des réalisations