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Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 2, p. 385-390 DJEMA Hélène (2008) – Le Paléolithique moyen ancien de la Corniche cantabrique et du Bassin aquitain ou le phénomène culturel des premiers Néandertaliens. Analyse techno-économique comparative des gisements cantabriques et périgourdins. Thèse de doctorat de l’université Paris I soutenue le 29 octobre 2008 devant un jury composé de Mme Nicole Pigeot (directrice, professeur de l’université Paris I), Mme Laurence Bourguignon (ingénieur de recherche, INRAP), Mme Liliane Meignen (directrice de recherche, CNRS), M. Jacques Jaubert (professeur de l’université Bordeaux I), M. Manuel Santonja (chargé de recherche, Museo arqueologico de Alcala de Henares) et M. Bruno Maureille (chargé de recherche, CNRS). 2 volumes, 854 pages, 311 figures, 233 tableaux.
Introduction et problématique
Les 200 000 ans que couvre le Paléolithique moyen ancien sont marqués en Europe par une variabilité de manifestations techniques. La signification de cette variabilité constitue, depuis plus de cinquante ans, une énigme. Aucun des modèles interprétatifs avancés, qu’ils soient fondés sur une conception culturelle ou déterministe des comportements humains, ne s’est véritablement imposé. C’est que ces modèles s’ignoraient ou s’opposaient. Or il semble aujourd’hui qu’il faille adopter une position plus nuancée. Partant du postulat que les hypothèses de déterminations causales sont nécessaires mais insuffisantes pour expliquer la variabilité des manifestations techniques et comprendre, de manière corrélative, l’organisation comportementale des premiers Néandertaliens, notre thèse avait pour objectif de rechercher des éléments que l’on qualifierait de «culturels » . La position adoptée s’inscrit donc dans une vision systémique du comportement humain et permet de considérer le phénomène culturel comme une interaction complexe entre l’action du sujet, ses besoins et ses milieux naturel et social. Depuis M. Mauss, il est admis que les témoins matériels de l’activité des hommes sont une représentation de cette interaction (Mauss, 1995). La question qui se posait était donc la suivante : peut-on considérer les systèmes techniques de ces périodes anciennes comme des marqueurs forts d’entités culturelles ? Derrière son apparente trivialité, la question reste délicate, d’autant que les indices techniques qui nous sont parvenus pour ces périodes sont principalement voire exclusivement des vestiges lithiques. Nous allons donc voir comment, au-delà d’une approche strictement archéologique des faits, cette problématique tend vers une véritable réflexion méthodologique et épistémologique portant sur l’expression du «phénomène culturel » chez les premiers Néandertaliens.
Démarche
Documenter ces aspects ethno-culturels nécessitait une approche interdisciplinaire des faits. Parce qu’il n’existe pas de culture sans sujet et parce que la stabilité des entités culturelles s’exprime dans un temps et un espace donnés, les avancées perceptibles dans le domaine anthropologique, archéologique et chrono-climatique devaient dans un premier temps être prises en compte. Dans un second temps, notre étude a consisté en une analyse techno-économique comparative d’assemblages lithiques bien datés dont l’intégrité et l’homogénéité n’étaient pas optimales mais suffisantes pour répondre à la problématique posée. Les séries présentant des remontages ont fait l’objet d’une attention particulière. Enfin, et afin d’évaluer la signification des systèmes techniques, les divergences et similitudes observées devaient être examinées au regard des trois facteurs communément avancés pour expliquer cette variabilité : le contexte lithologique, le paramètre chronologique, la fonction et le type de sites.
Cadre géographique et présentation du corpus
Sur ces bases, l’étude comparative de sites cantabriques et périgourdins s’est révélée particulièrement intéressante, et ce pour plusieurs raisons. Ces régions sont marquées par une divergence lithologique, une mosaïque RÉSUMÉ DE THÈSE
